La croissance économique de la Tunisie devrait atteindre 1,9 % en 2025, puis 2,3 % en 2026. Ce sont les performances attendues dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie manufacturière qui la soutiennent. C’est ce que révèle un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) rendu public jeudi 10 juillet 2025.
Concernant l’inflation, elle devrait continuer à baisser, pour s’établir à 6,4 % en 2025 et à 6,1 % en 2026. Et ce, sous l’effet conjugué d’une politique monétaire restrictive et d’une baisse des pressions inflationnistes à l’échelle mondiale. Ainsi souligne la BAD dans ce rapport, qui s’intéresse aussi à la croissance, s’intitulant : » Tirer le meilleur parti du capital de la Tunisie pour favoriser son développement ».
De son côté, le déficit budgétaire devrait se réduire progressivement, s’établissant à 5,3 % du PIB en 2025 et 4,9 % 2026. Il est en lien avec les efforts de consolidation budgétaire et une amélioration de la mobilisation des ressources domestiques par les autorités monétaires du pays.
En revanche, le déficit du compte courant va se creuser à 2,2 % du PIB en 2025 et 3,3 % en 2026, en raison, principalement, d’une augmentation anticipée des importations.
Perspectives économiques de croissance fragiles
S’agissant des risques, la BAD estime que les perspectives économiques de croissance de la Tunisie demeurent fragiles. En cause :
- Un environnement international marqué par une incertitude persistante, expliquant que les tensions commerciales mondiales.
- Les conflits géopolitiques dans la région qui pourraient peser sur la demande extérieure, accroître les coûts d’importation et perturber les chaînes de valeur, avec des répercussions potentielles sur la compétitivité de l’économie nationale.
- A cela s’ajoutent la volatilité des prix des matières premières qui est de nature à raviver les pressions inflationnistes; ainsi que l’accès limité aux financements extérieurs, conjugué à des tensions budgétaires internes qui pourraient accentuer les vulnérabilités macroéconomiques.
A cet égard, l’institution financière africaine estime qu’une hausse prolongée des taux d’intérêt à l’échelle internationale alourdirait le coût du service de la dette et exercerait une pression dépréciative sur le dinar. Ce qui fragiliserait davantage la position extérieure du pays.
Parmi les autres risques, la Banque évoque la dette publique dont le profil actuel accroît les risques de refinancement. Par ailleurs, le solde du compte courant demeure exposé aux fluctuations des prix de l’énergie et des produits alimentaires.
Comment renforcer la résilience économique de la Tunisie ?
Pour renforcer sa résilience économique, la Tunisie est appelée à poursuivre la diversification de ses partenariats commerciaux, sa gouvernance budgétaire rigoureuse et sa politique monétaire prudente. Et ce, en vue d’améliorer durablement son accès au financement et de consolider sa stabilité macroéconomique, expliquent les auteurs du rapport.
Dans ce cadre, ils recommandent de mettre en place une approche progressive et intégrée, articulant des politiques macroéconomiques adaptées à des réformes structurelles à court, moyen et long termes.
Ainsi, à court terme, le gouvernement devrait accélérer l’exécution des projets inscrits au budget, en particulier dans les secteurs prioritaires tels que les infrastructures, l’énergie, la santé et le numérique. Et ce, à travers la simplification des procédures de passation des marchés publics, le renforcement des capacités des unités d’exécution, ainsi que l’instauration d’un système centralisé de suivi et d’évaluation des projets.
Nécessité d’intensifier la digitalisation de la gestion budgétaire
La BAD met également l’accent sur l’impératif d’intensifier la digitalisation de la gestion budgétaire et fiscale. Et ce, notamment à travers : l’intégration des systèmes de télédéclaration; la généralisation du paiement électronique; et l’interconnexion des bases de données fiscales et douanières. Objectif : améliorer la mobilisation des recettes et de renforcer la transparence.
Pour ce qui est de l’amélioration du climat des affaires, elle a insisté sur l’importance de simplifier le code des changes, d’adopter un cadre opérationnel pour les partenariats public-privé (PPP) et de réduire les délais de traitement des litiges économiques.
La Banque centrale, pour sa part, devrait poursuivre sa politique visant à contenir l’inflation. Tout en soutenant l’octroi de crédits à l’investissement productif, ajoute la même source.
A moyen terme, la Tunisie est appelée à engager une réforme fiscale structurante impliquant l’élargissement de l’assiette fiscale (notamment à travers la fiscalité foncière et une meilleure imposition du secteur informel), la rationalisation des exonérations, ainsi que la modernisation de l’administration fiscale par l’automatisation des contrôles et le renforcement des mécanismes de recouvrement forcé.
Quid des entreprises publiques ?
La restructuration des entreprises publiques en vue d’améliorer leur performance et leur viabilité, la mise en place d’une cellule de facilitation dédiée aux investisseurs dans les secteurs stratégiques assortis d’un dispositif d’incitations claires, stables et transparentes afin de cibler les IDE à fort contenu technologique, figurent aussi parmi les recommandations à même de booster la croissance, telles que formulées par la Banque à moyen terme.
A long terme, l’institution financière a insisté sur l’intégration des PME dans les chaînes de valeur exportatrices, le renforcement des mécanismes de garantie, la promotion de pôles de compétitivité régionaux (clusters) et l’accompagnement à la certification qualité.
Evoquant le secteur informel, elle a souligné que sa formalisation nécessitera l’adoption de régimes fiscaux simplifiés, la poursuite de la digitalisation des services publics, ainsi que l’élargissement de l’accès au microcrédit, adossé à des dispositifs d’appui technique et de renforcement des capacités.