C’est devenu un événement mondial. Le monde entier ne parle que de cela. Télévisions, radios, journaux et réseaux sociaux ont pendant des jours discuté, analysé, disséqué les tenants et aboutissants de la rencontre qui sort de l’ordinaire à la Maison Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Une rencontre qui a commencé de manière rituelle avant que l’atmosphère ne se réchauffe à mesure que surgissent les désaccords entre les deux présidents concernant la manière avec laquelle devrait être traitée la guerre d’Ukraine.
Pour ceux qui s’alignent derrière Zelensky, c’est-à-dire l’écrasante majorité des élites politiques européennes et la quasi-totalité des médias occidentaux, le président américain« a tendu un piège » au président ukrainien, « grand défenseur de la liberté et de la démocratie », pour l’humilier et le contraindre à se plier à la nouvelle politique ukrainienne de Washington, consistant à mettre fin à la guerre.
Pour les autres, le président ukrainien est un « clown déguisé en chef d’Etat » qui a sacrifié son pays et son peuple en suivant à la lettre les instructions belliqueuses de Joseph Biden, Boris Johnson et ses successeurs, Emmanuel Macron, Olof Scholz et la bureaucratie bruxelloise (UE et Otan).
Il est utile de rappeler ici que, pour les premiers, s’il y a guerre aujourd’hui, insistent-ils sans rire, c’est parce qu’un jour Poutine s’est réveillé de mauvaise humeur et a envoyé ses troupes envahir l’Ukraine…
Pour les seconds, les origines de la guerre remontent au moins à 2014 quand la CIA et le département d’Etat sous Barack Obama (lauréat du prix Nobel de la Paix !!!) ont fomenté un coup d’Etat contre le président légitime Viktor Yanoukovitch, ouvrant ainsi la voie à l’anarchie et aux massacres contre les Ukrainiens russophones dans l’Est du pays.
C’est seulement quand il est devenu évident que l’Occident était déterminé à saboter toute solution diplomatique et que Washington (du temps de Biden), Londres, Paris, Berlin et Bruxelles utilisaient l’Ukraine pour faire exploser la Russie en morceaux que Poutine a finalement décidé de recourir à l’armée pour défendre la sécurité de son pays et celle des populations russophones du Donbass…
Puis Trump prend la relève, succédant à un vieillard gâteux qui a failli provoquer une troisième guerre mondiale. On ne peut pas dire que l’ancien-nouveau président est une lumière en politique et un as de la stratégie. Nombre de ses décisions sont critiquables et plusieurs de ses déclarations sont absurdes. Mais dans le cas crucial de la guerre d’Ukraine, on ne peut pas ne pas l’approuver, le soutenir et souhaiter sa réussite à mettre un terme à ce désastre.
Mais revenons à l’altercation du 28 février. Théoriquement, Zelensky était ce jour-là à la Maison Blanche pour signer avec Trump le contrat sur les terres rares que l’Ukraine livrerait aux Etats-Unis. Or, ces mêmes terres rares avec le gaz et d’autres richesses ukrainiennes ont été cédés à la Grande Bretagne dans le cadre d’un « accord sur cent ans » signé le 16 janvier à Kiev (quatre jours avant l’entré de Trump à la Maison Blanche) par Zelensky et le Premier ministre britannique Keir Starmer. L’accord se trouve sur le site web du gouvernement britannique téléchargeable en PDF.
La chaine turque A News, citant des sources de Renseignement étranger a affirmé que « Zelensky n’a pas signé l’accord avec Trump parce qu’il s’était engagé avec les Britanniques. ».
Trump, le vice-ministre Vance et le secrétaire d’Etat Rubio pensaient peut-être que l’embarras de Zelensky qui s’est mis dans la position de l’escroc qui vend la même marchandise à deux clients différents, l’amènerait à mettre de l’eau dans son vin et à accepter la nouvelle politique américaine vis-à-vis de l’Ukraine.
Mais très vite il était devenu clair que les positions des hôtes et du visiteur étaient aux antipodes. Pour les premiers, la guerre doit se terminer. L’Ukraine ne sera pas membre de l’Otan. Et le retour aux frontières de 2014 est irréaliste. Alors que le second, sous forte influence des sections britannique, française et allemande du parti de la guerre européen, voulait la continuation des hostilités et du soutien militaire et financier américain.
Faire changer Trump d’idée et le convaincre de revenir à la politique de son prédécesseur était l’objectif désespéré du voyage du président ukrainien à Washington le 28 février. Tout comme le voyage, un jour avant, du Premier ministre britannique.
Trump savait que les deux avaient tout fait pour aider sa rivale, Kamala Harris, à remporter l’élection. Le premier a fait le voyage en octobre en Pennsylvanie (Etat crucial dans les élections américaines) pour faire campagne pour la candidate démocrate. Le second a envoyé aux Etats-Unis en pleine campagne électorale cent experts britanniques en relations publiques pour aider à la défaite de Trump que le parti européen de la guerre appelait de ses vœux.
Mais si Starmer, avec le sourire mielleux de la perfide Albion et l’invitation à diner avec le roi Charles, a réussi à amadouer Trump; Zelensky, avec sa maladresse, son arrogance et son ignorance n’a fait qu’exacerber la rancœur du président américain à son égard.
Quand on vient mendier, on ne peut pas se permettre de s’ériger en donneur de leçon et de faire preuve de suffisance et d’arrogance. Zelensky a manqué de respect au vice-président James D. Vance en l’apostrophant : « J.D. de quelle diplomatie vous parlez ? » Réponse sèche de Vance : « La diplomatie qui vous aide à épargner à votre pays plus de destruction. »
S’adressant à Trump en ces termes : « Vous vous sentez en sécurité maintenant parce que vous avez un grand océan. Mais bientôt vous ne vous sentirez plus en sécurité. » (Sous-entendu Poutine, après avoir réglé son compte à l’Europe de l’Ouest, il traversera l’Atlantique pour envahir l’Amérique !!!). C’est ce qui a fait sortir le président américain de ses gonds. Il lui a répondu avec fureur : « Vous n’êtes pas en mesure de nous dire ce que nous ressentirons dans l’avenir… ». Et l’altercation continuait durant laquelle le président et le vice-président américains n’ont pas caché tout le mépris qu’ils témoignaient pour cette marionnette qui vient leur débiter les sornettes du parti européen de la guerre.