Un nouveau rapport publié mercredi 5 juin 2024 par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) indique que la dette publique mondiale a augmenté sans précédent, atteignant un sommet historique de 97 000 milliards de dollars en 2023. Soit une augmentation de 5 600 milliards de dollars par rapport à 2022. L’augmentation alarmante du fardeau de la dette mondiale nécessite des réformes urgentes du système financier international afin de garantir un avenir prospère pour l’humanité et la planète, indique le rapport.
La dette publique comprend les emprunts des administrations publiques, tant intérieures qu’extérieures. Le rapport, intitulé « Un monde endetté en 2024 : le fardeau croissant de la prospérité mondiale », note que, particulièrement en Afrique, la faiblesse économique consécutive à de multiples crises mondiales a conduit à une augmentation du fardeau de la dette. Entre 2013 et 2023, le nombre de pays africains dont le ratio dette/PIB dépasse 60 % est passé de 6 à 27.
Le service de la dette coûte plus cher
Le service de la dette est devenu plus coûteux, frappant les pays en développement de manière disproportionnée, note le rapport. En 2023, les pays en développement (PED) ont payé 847 milliards de dollars d’intérêts nets, soit une augmentation de 26 % par rapport à 2021. Leurs taux d’emprunt internationaux sont 2 à 4 fois plus élevés qu’aux États-Unis et 6 à 12 fois plus élevés qu’en Allemagne, par exemple.
Le rapport souligne que la hausse rapide des coûts d’intérêt pèse sur les budgets des pays en développement. Actuellement, la moitié des pays en développement endettés consacrent au moins 8 % de leurs recettes publiques au service de la dette; un chiffre qui a doublé au cours de la dernière décennie.
En outre, 54 pays en développement, dont près de la moitié sont africains, consacreront au moins 10 % de leurs fonds publics au paiement des intérêts de leur dette en 2023.
Alors que la crise s’intensifie, il devient urgent d’agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. Malgré l’urgence, les pays en développement consacrent actuellement une part plus importante de leur PIB aux paiements d’intérêts (2,4 %) qu’aux plans climatiques (2,1 %). La dette limite leur capacité à lutter contre le changement climatique.
Financer le développement durable
Le rapport montre que 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays où les paiements d’intérêts dépassent les dépenses d’éducation ou de santé.
En Afrique, les dépenses d’intérêt par habitant (70 $) dépassent les dépenses d’éducation (60 $) et les dépenses de santé par habitant (39 $). Un chiffre stupéfiant de 769 millions d’Africains, soit près des deux tiers de la population, vivent dans des pays où les paiements d’intérêts dépassent les investissements dans l’éducation ou la santé.
Le rapport présente un plan visant à réformer le système financier mondial et à faire progresser le plan de relance des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies pour lutter contre la crise actuelle de la dette.
Les mesures recommandées comprennent :
- l’amélioration de la participation effective des pays en développement à la gouvernance du système financier mondial;
- la lutte contre le risque d’augmentation du coût de la dette et du surendettement grâce à des mécanismes efficaces de résolution de la dette;
- les pays ne sont pas obligés d’emprunter en dernier recours;
- et en mobilisant les banques multilatérales de développement et les ressources privées, un financement à long terme abordable peut être massivement augmenté.