Tous les yeux sont rivés sur l’accord avec le FMI : va-t-il avoir lieu ou non? Une interrogation qui demeure à ce jour sans réponse, sans oublier que certains pays comme l’Italie jouent le rôle de médiateur pour faire sortir la Tunisie de la crise.
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, dresse un état des lieux en déclarant: « Si l’Italie est vraiment sérieuse dans ses efforts visant à éviter un effondrement économique et social en Tunisie, l’intérêt national étant un gage de crédibilité des démarches italiennes en direction de ses partenaires européens, des Américains et du FMI, pousser davantage vers une capitulation aux conditions du FMI accélérerait l’instabilité en Tunisie parce qu’il n’y a actuellement aucune force politique en Tunisie capable de faire accepter le train de réformes surtout concernant la compensation et la masse salariale de la fonction et du secteur publics ».
Et de poursuivre: « Le peuple tunisien n’est simplement pas prêt et le discours fantasmagorique et populiste en vigueur depuis 2011 a exacerbé la rigidité sociale à ce genre de réformes pourtant nécessaires et même inévitables et salutaires ».
D’où la question de savoir comment dépasser ce blocage. Selon Elyes Kasri, « l’Italie pourrait mener une campagne auprès de ses partenaires européens et du G7 pour faire adopter les mesures suivantes qui faciliteront considérablement l’acceptabilité populaire des réformes considérées par le FMI comme un préalable au déboursement des facilités de prêt, sésame du marché financier international ».
Une analyse fine de la société tunisienne pourrait identifier trois segments de la population susceptibles de constituer un front de refus aux réformes ou une menace migratoire pour l’Europe et l’Italie au premier chef, estime l’analyste politique.
Il souligne plusieurs mesures:
1- La tranche d’âge de 18 ans et plus, segment au chômage, sous-employé ou menacé dans son emploi: l’Italie et l’Union européenne pourraient décider de transférer en Tunisie (à coups de subventions et autres mesures d’incentivisation) 1000 entreprises européennes installées en Chine ou ailleurs en Asie. Cela pourrait créer près de 400.000 emplois directs et autant d’emplois indirects en Tunisie en facilitant le recrutement des chômeurs et la reconversion des employés licenciés des entreprises publiques.
2-La tranche d’âge entre 6 et 18 ans: la création dans chaque délégation tunisienne d’un complexe culturel et sportif en plus d’un centre de formation professionnelle (aux normes européennes) pour prémunir les jeunes contre la délinquance et les courants extrémistes en leur donnant des outils d’insertion économique sur le marché tunisien ou ailleurs où il y a une demande pour une main-d’oeuvre qualifiée.
3-Les populations des régions frontalières en particulier du Sud tunisien: l’Italie pourrait rééditer le projet de Rjim Maatoug en plus grand, possiblement dans la région du Dahar tunisien, en utilisant la nappe phréatique appelée “nappe de l’albien”, l’énergie solaire et les nouvelles techniques agronomiques pour faire fleurir le Sahara et créer, sur environ 360.000 hectares, des terres arables susceptibles de stabiliser plus de 100.000 familles et d’en faire des exportateurs de primeurs vers l’Europe et ailleurs ».
Il conclut: « Ces mesures pourraient renforcer la confiance dans l’avenir et réduire la marge de nuisance des rentiers de situation et de ceux qui tirent une légitimité malsaine des appréhensions populaires et de la crainte du changement devenu pourtant inévitable ».
The clock is ticking… for everybody.