Avec l’entame du mois de février, le plus dur commence pour le Trésor sur le front de la dette interne. Hier, le paiement des BTC 13 semaines 01/02/2023 pour 736,2 MTND a eu lieu comme planifié. Le remboursement a été refinancé par des BTC 13 semaines 03052023, émis le 26 janvier 2023 d’une valeur de 702 MTND et au taux moyen de 8,17 %.
Mais ce n’est pas tout. Il reste trois autres rendez-vous : BTC 13 semaines 22/02/2023 pour 366 MTND, BTC 52 semaines 28/02/2023 pour 10 MTND et BTC 26 semaines 28/02/2023 pour 256 MTND. En tout, c’est 623 MTND à programmer. Le Trésor devrait donc s’activer pour mobiliser ces ressources.
Parmi les pistes de refinancement envisagées il y a l’Emprunt Obligataire National 2023. Les souscriptions à la première tranche vont démarrer le 6 février. Elles continueront jusqu’au 15 février. Et ce, avec l’objectif de collecter 700 MTND. Il serait difficile, à notre avis, d’effectuer une émission importante de Bons de Trésor ce mois, sauf si les recettes sont en dessous des estimations.
Le mois de mars s’avère calme en attendant un mois d’avril intense en remboursements. Nous estimons qu’ils seraient meilleurs que l’année dernière. Ils pourraient frôler les 3 000 MTND. Si une sortie sur le marché interne est planifiée, c’est qu’elle sera petite et dans l’objectif d’ajuster la trésorerie de fin du mois.
Inquiétudes
Ce rythme a déjà suscité l’inquiétude du Comité de Surveillance Macro-prudentielle, réuni le 30 janvier 2023. L’intensification du recours du Trésor au financement intérieur pour financer le budget, vu l’incapacité de mobilisation de ressources extérieures, “risque d’exacerber les pressions sur la liquidité et de favoriser les arbitrages entre les différents placements, pouvant désarticuler l’activité des marchés bancaire, financier et des assurances”.
Bien que l’investissement dans les portefeuilles reste l’une des principales activités des banques universelles et des compagnies d’assurance, il est clair qu’elle a pris le dessus sur le financement des secteurs productifs. Ce n’est pas nécessairement une question de conviction. Car l’engagement envers l’Etat les oblige à le soutenir. Sinon, et avec l’application des normes IFRS, les établissements financiers vont voir leurs bilans sanctionnés.
En effet, ce cercle vicieux va nous conduire à un endettement interne qui dépassera, à notre avis, le seuil symbolique des 10 milliards de dinars. Le budget 2023 prévoit 9 533 MTND et tous les signes de débordement sont réunis.
Il faut être cohérent, car il ne faut pas inciter, même involontairement, les banques à fermer la vanne des crédits aux entreprises puis demander à ces dernières de payer correctement leurs taxes et impôts.
En l’absence d’un soutien financier extérieur, la solution est claire : un programme pluriannuel de cession d’actifs qui donne une bouffée d’oxygène au système bancaire. Les établissements de crédits ne peuvent pas collecter du dépôt sans le transformer. Ils seront ainsi obligés de prêter aux sociétés et d’augmenter la prise de risque. C’est la seule piste pour reprendre le chemin de la bonne croissance.