Marc Gérard, représentant du Fond Monétaire International en Tunisie a évoqué, lors de sa participation à un panel sur « La souveraineté budgétaire et sécurité des paiements« , organisé dans le cadre des Journées de l’entreprise tenues du 8 au 10 décembre à Sousse, l’accord conclu entre la Tunisie et le FMI.
Quelle relation entre le programme présenté par le gouvernement tunisien et l’accord avec le FMI? Pour répondre à cette question, Marc Gérard a souligné que l’accord entre la Tunisie et le FMI a été souvent mal compris!
« Un programme FMI n’est pas le programme du FMI et non plus un programme d’ajustement structurel. C’est un plutôt un programme de réformes avec les autorités que le FMI appuie dans son volet conseille à travers la mise à la disponibilité des autorités de la méthodologie nécessaire », a précisé Marc Gérard.
Arriver à une convergence des vues
Le représentant du FMI en Tunisie a souligné que les problèmes et les solutions ont été identifiés depuis longtemps. Mais il y a eu un problème de mise en œuvre.
« Nous sommes en discussions depuis le début de l’année en cours. Les autorités ont élaboré un programme précis de réformes qui s’adressent au fond du sujet. Mais il a été réexaminé à la lumière des développements macroéconomiques internationaux extrêmement volatiles », ajoute Marc Gérard.
Il a estimé que si la guerre en Ukraine n’avait pas eu lieu, les deux parties auraient pu conclure cet exercice bien avant. « On a dû tout revoir et adapter plusieurs points parce que la crédibilité que peut offrir un accord avec le FMI consiste à s’appuyer et arriver à une convergence des vues sur des projections qui soient les plus possibles proches à la réalité », explique le représentant du FMI.
Marc Gérard a, par ailleurs, tenu à souligner que malgré un bon départ enregistré au début l’année avec une croissance résiliente, la Tunisie a été fortement impactée par les chocs externes.
En effet, cette situation, aggravée par la guerre en Ukraine, est attribuable à un fort choc d’offre mondiale sur les prix des produits alimentaires et de l’énergie et une inflation en augmentation continue qui s’est répercuté sur les chaines d’approvisionnement mondiales.
Que faire et quelles sont les contraintes?
En réponse à cette question Marc Gérard a déclaré que les décisions liées à la politique monétaire en Tunisie sont parfaitement souveraines, mais il y a des contraintes à prendre en considération.
Il a, dans ce contexte, souligné qu’il faut savoir si le choc est temporaire ou permanent. S’il est temporaire, la politique monétaire n’a pas besoin de réagir. Si ce choc est persistant, il y un problème de persistance de l’inflation, d’érosion du pouvoir d’achat et d’augmentation des coûts des entreprises.
« Le problème avec un pays à revenu intermédiaire comme la Tunisie est que le choc d’offre est accompagné de choc des pays industrialisés », explique le représentant du FMI. Il fait donc savoir que l’objectif des discussions avec les autorités était de construire un programme le plus solide possible.
« Nous sommes là pour essayer d’aider à la mise en place du programme des réformes qui tient en compte le plus large consensus. C’est pourquoi nous avons eu des discussions avec l’UGTT sur plusieurs points (fiscalité, informalité, climat des affaires, masse salariale, renforcement des capacités de l’administration…). Nous sommes là pour apporter notre expertise. On veut aussi augmenter concrètement les dépenses sociales notamment l’éducation et la santé. » Ainsi conclut-il encore.