L’humoriste Lotfi Abdelli a donné son one-man show dans la soirée d’hier au Festival international de Sfax. Un spectacle qui a été émaillé d’accrochages entre les sécuritaires et l’artiste.
En effet, différents intervenants sur les ondes des radios aujourd’hui ont souligné que Lotfi Abdelli a provoqué les sécuritaires lors de son show. Ce qui a amené à un climat plus tendu.
Ainsi, Moez Dabbabi, le président de la Ligue nationale pour la sécurité et la citoyenneté (LNSC), apporte des précisions. Il souligne donc, lors de son passage sur IFM en ce lundi 8 août, que certains passages du spectacle ont porté atteinte à l’image des forces de sécurité.
De son côté, Lotfi Abdelli a précisé, en direct, qu’il n’a pas insulté les sécuritaires. Mais que ceux-ci voulaient saboter son spectacle. Tout en relativisant que c’étaient des cas isolés ne représentant pas le corps sécuritaire dans son ensemble.
Alors, qui a tort, qui a raison?
Les avis demeurent partagés. La société civile a toute de suite réagi en dénonçant les abus du corps sécuritaire qui doit avant tout assurer le bon déroulement du spectacle et non réagir à son contenu. C’est ce qu’a souligné Ayda Ben Chaabane, militante de la société civile, via son post. En effet, elle déclare: “Les agents de sécurité n’ont pas à redire sur le contenu d’un spectacle. Car si on tolère les agissements des sécuritaires, l’artiste devrait s’auto-censurer”.
Même constat pour Moez Attia, activiste de la société civile, en dénonçant les agissements de certains agents sécuritaires. Il précise dans ce contexte: “Le rôle des sécuritaires est d’assurer la sécurité des citoyens et non d’intervenir pour stopper un spectacle”.
De son côté, Amine Snoussi, essayiste, auteur de “La politique des Idées” (Centre national du livre), et militant pour la justice sociale et écologique souligne également via son post que Lotfi Abdelli est un artiste.
Il conclut: “Lors de son spectacle hier, la police l’a empêché de faire son travail en refusant de faire le sien. A savoir, assurer la sécurité du spectacle. Uniquement par ce qu’ils étaient en désaccord avec ses propos. Cela montre déjà tout le rôle politique que joue la police, qui décide de ce qui est permis de dire ou non. Total soutien à Lotfi Abdelli. Malgré les désaccords politiques que nous pouvons avoir avec lui, son droit à la scène et à l’expression est intouchable.”
Le retour de l’auto-censure?
En somme, ce qui s’est passé hier donne à réfléchir sur une question essentielle: “Quelles sont les limites à la liberté d’expression? Alors, on se demande si la liberté d’expression n’est pas en danger?
Aujourd’hui, il semble qu’il faille encore rappeler le béaba de l‘article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789. Lequel stipule: « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».
Ce qui veut dire que toute personne a droit à la liberté d’expression. Elle consiste en la liberté d’opinion et des idées.
Ce qui s’est donc passé ouvre le débat sur la liberté d’expression en Tunisie qui se retrouve entre l’enclume et le marteau. Serait-ce une étape vers un retour de restrictions. Plus encore si à chaque spectacle il y a de l’auto-censure, cela déclenchera une spirale sans fin où les forces de l’ordre imposeront leur loi…