Accrédité de 39% de voix de Tunisiens qui lui accorderaient leur confiance, selon le dernier baromètre élaboré par Sigma Conseil, l’ex-ministre de la Santé Abdellatif Mekki se verrait bien à la Kasbah. A moins d’un retour triomphal à Bab Saâdoun. Et ce, pour remplacer un ministre dont tout le monde s’accorde à penser qu’il a failli à sa mission de protéger ses concitoyens.
« Je reste à la disposition de l’Etat. Si je suis appelé à occuper un poste où je me considère compétent, je le ferai! » Ainsi, déclarait hier mardi Abdellatif Mekki sur les ondes d’Express FM; se plaçant de facto « en réserve de la République ».
Ambitions
Se prépare-t-il à un come-back à Bab Saâdoun? D’autant plus que de l’avis général, l’actuel ministre de la Santé a démontré qu’il n’était pas l’homme de la situation. Et ce, suite à sa gestion désastreuse de la situation sanitaire en Tunisie.
A moins qu’il ne lorgne vers la Kasbah. Sachant que lâché par son « coussin politique », notamment celui d’Ennahdha, le compte à rebours aurait commencé pour l’actuel chef du gouvernement Hichem Mechichi. Ce n’est qu’une question de semaines, voire de jours.
Mais, le leader historique d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, acceptera-t-il une nomination à la Kasbah d’un potentiel rival politique qui risque de lui faire de l’ombre? C’est mal connaitre le cheikh de Montplaisir qui reste la personnalité en qui les Tunisiens ont le moins de confiance.
Mekki le nouveau chouchou des Tunisiens?
D’autant plus que le dirigeant nahdhaoui et ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, ne faisait pas ces derniers temps de vagues. Et soudain, et alors que personne ne s’y attendait, le voila propulsé à la tête des sondages, comme le responsable politique qui inspire le plus confiance aux Tunisiens. Brûlant même la politesse à l’indéboulonnable président de la République, Kaïs Saïed.
Ainsi, 39% des Tunisiens lui accordent leur confiance et le placent même avant le chef de l’Etat. C’est ce qui ressort d’un nouveau sondage élaboré par Sigma Conseil, dont les résultats ont été publiés hier mardi 6 juillet, par le quotidien arabophone Le Maghreb. Quant au président de la République, il est crédité de 30%, son score le plus bas; puisqu’il perd dix points en un mois.
Pour rappel, en février 2020, le président de la République tutoyait les sommets avec une cote de confiance de 67%. Explication? On lui reproche une certaine nonchalance, voire de la passivité face à l’actuelle crise sanitaire. Alors que l’ancien ministre de la Santé serait apprécié par les Tunisiens pour sa gestion de la première vague de la COVID-19, sous le gouvernement d’Elyes Fakhfakh.
Prudent, le membre du bureau Exécutif du mouvement Ennahdha ne se laisse pas griser par ces chiffres prometteurs. En effet, « la confiance représente l’un des éléments les plus importants pour un politicien. Néanmoins, les instituts de sondage ne sont pas soumis à une réglementation et à un contrôle. Ceci veut dire que les sondages ne comportent pas de conditions attestant de leur exactitude », déclarait avec une certaine habilité l’Invité de l’émission Expresso.
Paradoxe
Curieusement, la cote de confiance dont jouit Mekki ne se traduit pas dans les intentions de vote pour la prochaine élection présidentielle.
Ainsi, pour le prochain scrutin, Kaïs Saïed serait crédité de 39,2%, suivi par la cheffe du PDL, Abir Moussi qui remporterait 15,2% des suffrages. Nabil Karoui arriverait en troisième position avec 13,6% des intentions de vote. Safi Saied est quatrième avec 9,1%. Enfin, Abdelatif Mekki ferme la marche avec des maigres… 3,3% des voix.
L’homme qui s’est mis « en réserve de la République » aura-t-il un avenir politique? L’avenir nous le dira.