On se demande de nos jours quels sont les grands discours ayant marqué l’histoire? Il fut un temps où on parlait de Nelson Mandela, Martin Luther King et sa fameuse citation :” I Have a dream”. En clair, ils sont ces dirigeants qui étaient les plus grands orateurs de leur temps. Il est toujours intéressant de revenir sur les grands discours politiques historiques afin d’en apprendre les techniques.
Mehdi Ghazzai consultant en communication politique dresse un état des lieux du discours politique de John Fitzgerald Kennedy comme exemple.
Il précise dans ce contexte: “Aujourd’hui nous nous intéressons à John Fitzgerald Kennedy qui se rend à Berlin-Ouest en juin 1963, où il prononce ce qui restera dans les annales comme son meilleur discours, et lance à la foule la désormais célèbre phrase “Ich bin ein Berliner”.
Et de poursuivre: “Les discours historiques les plus célèbres tiennent parfois en une phrase-clé. “Ich bin ein Berliner” est de cette catégorie-là, Une phrase qui a marqué des générations. Cette phrase propose une double figure de rhétorique”.
Avant d’ajouter: “Il s’agit d’abord d’un pérégrinisme, c’est-à-dire d’un emprunt à une langue étrangère. C’est un moyen très efficace d’être en contact avec son public et de provoquer les applaudissements et l’enthousiasme des foules. Observez la réaction du public lorsqu’un chanteur étranger récite deux mots en tunisien lors de son spectacle au festival de Carthage par exemple.”
Selon Mehdi Ghazzai, il s’agit ensuite d’une métaphore. Cette phrase, dans ce contexte bien particulier de tensions, s’affranchit des frontières géographiques et politiques tel un missile lancé à l’Allemagne de l’Est.
En outre, Mehdi Ghazzai souligne: “De plus, cette phrase a fondé en quelque sorte la sémantique des générations suivantes, et on s’en rend compte lorsqu’on a utilisé « Je suis Bardo » ou plus récemment « Je suis Beyrout ».”
“Et pour conclure, je dirai que le discours politique n’est pas seulement un discours accompagné d’une photo de groupe. Chaque discours politique est un rendez-vous avec l’histoire. Il ne doit pas s’aplatir devant le réel mais le transfigurer, et un discours inspirant peut canaliser des espoirs et changer le cours de l’histoire.”, conclut-il.