Après la double explosion au port de Beyrouth. Une catastrophe a envahi non seulement les Libanais mais aussi le monde entier.
Que ce soit en Tunisie ou ailleurs, un élan de solidarité s’est manifesté et des pensées aux Libanais pour ce qu’ils endurent. Des pertes humaines où le bilan provisoire s’élève à plus de 154 morts et plus de 5000 blessés. Des pertes matérielles variant entre 3 et 5 milliards de dollars. Cela dit, outre la crise sanitaire, le Liban se trouve en proie à une crise amplifiée à tous les niveaux.
Aujourd’hui, les Libanais pointent l’irresponsabilité des dirigeants et ce en raison de la corruption endémique du pays doublé de clientélisme. Ce qui a conduit le pays dans l’impasse. Que faut-il penser de ce qui s’est passé ?
Concernant la situation au Liban et l’aide envoyée par la Tunisie sur décision du président de la République Kais Saied et les nouvelles au sujet de son refus par les autorités libanaises qui ont été démenties ultérieurement par le ministère libanais des affaires étrangères, Elyes Kasri, ancien ambassadeur en Corée, Inde, Japon et en Allemagne, donne un état des lieux dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Il précise dans ce contexte: « Il s’agit d’un cafouillage d’un Etat ébranlé par les séquelles d’une guerre civile destructrice. Un Etat fragilisé par une instabilité politique et sociale endémique. Et qui remet en cause les fondements même de cet Etat multiconfessionnel ».
Par ailleurs, il est à rappeler que la Tunisie et la France étaient les premiers à venir en aide. Mais la présence du Président de la République français Emmanuel Macron au Liban pour vérifier l’ampleur des dégâts était en quelque sorte un message politique fort. Rappelons que la communauté française au Liban s’élève à plus de 35 000 selon l’INSEE.
Mais le plus surprenant c’est non pas la visite en soi. Mais la pétition de 50 000 libanais réclamant « le retour du colonialisme français ».
“Nécessité d’un véritable printemps”
A cette réflexion, M. Kasri souligne pour sa part: « C’est un cri de désespoir d’une jeunesse qui n’a vu de la classe politique nationale que le dilettantisme, l’égoïsme et les calculs politiciens pour ne pas dire une corruption éhontée et un mépris pour la population et en particulier les jeunes qui représentent l’avenir ».
Et de conclure: « Le plus grave, c’est que cette déception amère est partagée par la jeunesse de la plupart des pays arabes. Y compris la Tunisie. Et nécessite un véritable printemps qui sera cette fois mené par des forces progressistes patriotiques. Et non pas par des idéologies et des groupes réactionnaires et obscurantistes inféodés à des puissances et réseaux étrangers ». Aujourd’hui, le Liban a plus que jamais besoin d’un plan de sauvetage que les Libanais doivent choisir.
Rappelons que cela fait des mois, la crise au Liban est d’ordre économique, notamment la crise des liquidités. Selon les experts économiques, elle serait à l’origine du mouvement de contestation du 17 octobre. D’ailleurs, toutes les agences de notation (Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s) ont baissé leur note du Liban.
La chute du Liban revient en partie au système financier libanais qui serait une escroquerie imaginée par le directeur de la Banque centrale. Selon le schéma d’un système de Ponzi.
D’après un article de L’Orient Le Jour, un journal libanais explique ce qu’est la pyramide de Ponzi. Il s’agit d'”un montage financier considéré comme frauduleux consistant à rémunérer les investissements effectués par les clients principalement à l’aide des fonds procurés par les nouveaux entrants. Et dont les bénéficiaires sont généralement les créateurs de cette pyramide et les premiers déposants”.
Un tel système n’a plus été observé dans aucun pays. Et ce depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour le cas du Liban, cette escroquerie était un détournement de fonds qui serait au service des dirigeants politiques et au détriment des contribuables.