Suite aux scènes de violence et à l’anarchie qui règnent dans l’Hémicycle, le président de la République a jugé que cette situation est “intolérable”. En menaçant le cas échéant de recourir à l’arme suprême : la dissolution du Parlement.
Abir Moussi a-t-elle poussé le bouchon trop loin ? Son sit-in observé depuis le 10 juillet dans les locaux de l’ARP n’est-il pas le combat de trop ? Pour une fois, ses admirateurs comme ses détracteurs semblent unanimes à penser que sa politique d’escalade contre ses ennemis politiques est semblable à l’attitude d’un conducteur d’un train roulant à toute vitesse…mais sans freins.
Ennahdha ou le beau rôle de victime
Sinon comment expliquer ce dernier sit-in qui entrave les séances plénières. Semant la pagaille et l’anarchie dans cette institution essentielle à la démocratie ? Donnant, à l’occasion, au mouvement d’Ennahdha le beau rôle de la victime. A l’instar de la ridicule « pièce de théâtre » jouée par la députée Mehrzia Labidi. Laquelle arborait, hier, une jambe en plâtre alors qu’elle n’a jamais été agressée par sa collègue destourienne Awatef Griche Abid. Et les vidéos sont là pour le prouver.
Et tout se passait sous le regard de milliers de téléspectateurs, qui suivaient, médusés, des scènes d’hystérie dignes de harza al hammam.
Anarchie à l’ARP
Dernier exemple : la énième altercation entre les députés destouriens et ceux du parti islamiste. Où les élus d’Abir Moussi ont interrompu la journée d’étude organisée, hier, lundi, à l’ARP. Autour de la stratégie quinquennale sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
Ainsi, les deux élus du PDL : Majdi Boudhina et Awatef Griche Abid ont fait irruption dans la salle en scandant le même slogan – « Non au terrorisme au Parlement ». Alors que le président du Parlement, Rached Ghannouchi, prononçait son allocution d’ouverture. Ce qui a eu pour conséquence la levée de la séance.
Intrusion illégale à l’ARP
Suite à ces altercations, la police judiciaire s’est rendue au Parlement. Afin d’informer les députés du bloc PDL de la nécessité de lever leur sit-in. Une demande dûment rejetée par la présidente du bloc du PDL. Laquelle a réclamé un document écrit de la part du ministère public.
Et là Abir Moussi, avocate de son état, avait le droit de son côté en considérant l’intrusion de la police judiciaire comme une atteinte au parlement et une première historique. D’ailleurs, le substitut du procureur de la République et porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Mohsen Dali, a confirmé suite à cette affaire que le parquet n’a pas rendu jusqu’à maintenant une ordonnance pour faire lever le sit-in observé par les députés PDL à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Rappelons à ce propos que suite à ce qui s’est passé hier lundi à l’Hémicycle, les députés membres de la Commission du règlement intérieur ont approuvé sur le champ une proposition qui prévoit que les députés de l’ARP sont désormais interdits de monter au perchoir du Parlement avec l’intention d’entraver les travaux de l’Assemblée.
Le lance-missiles du Président
Face à la chienlit observée sous le dôme du palais du Bardo, le président de la République s’est alarmé, à juste titre, de cette anarchie qu’il juge « intolérable ». En assurant qu’il ne « resterait pas les bras croisés face aux risques d’effondrement des institutions de l’Etat ».
Kaïs Saied a également ajouté, dans son langage fleuri, qu’il détient « un lance-missiles », pour corriger cet état de fait. Faisant allusion à l’arme absolue dont il dispose : la dissolution du parlement prévue par la Constitution.
L’intervention du chef de l’Etat est pertinente. Car elle a eu le mérite de rappeler aux uns et aux autres, notamment au sulfureux président d’Al Karama et ses sbires, que le député est un citoyen comme les autres. qu’il n’a pas de richa sur la tête et que l’immunité parlementaire dont il jouit ne lui permet point d’enfreindre impunément la loi.
A bon entendeur , salut !