De nombreux Tunisiens résidant à l’étranger voudraient investir dans leur pays natal, mais ne savent pas comment s’y prendre. Pis encore, il n’existe aucune structure unique digne de ce nom qui puisse les suivre dans leurs démarches afin de leur éviter d’être ballottés d’une administration à l’autre, à la merci de fonctionnaires corrompus qui voient en eux une manne à exploiter. Autant de freins à leur détermination d’investir en Tunisie. C’est ce qui ressort du colloque ayant pour thème :“ TRE et investissement dans les régions tunisiennes”
C’est sur ce constat que Samir Ben Mouhoub, un doctorant en médecine, président de l’association à Toulon considère que investir en Tunisie est un vrai parcours du combattant. Il nous déclare: “En tant que Tunisiens binationaux , nous avons du mal à concrétiser nos projets”.
Citant l’exemple de son ami français, qui a voulu investir en Tunisie dans un projet de la gestion des imprimantes 3 D, il a fini par laisser tomber. Il ajoute: “Même si l’idée est séduisante et innovante, les difficultés rencontrées lui ont laissé un goût amer : rencontrer des interlocuteurs par-ci et par-là, sans avoir le bon, la corruption exige des montants à partir de 300 euros, la démarche administrative qui laisse à désirer. Comment voulez-vous que l’on se sente chez soi où tout est impossible ?”, rétorque-t-il.
Ce qui manque aujourd’hui, c’est un accompagnement effectif des Tunisiens résidents à l’étranger qui n’est pas le même qu’en France, qui est beaucoup plus correct. Il ajoute: “Il faut savoir qu’en France nous avons une organisation différente. En Tunisie, tout est compliqué à partir de l’ouverture d’un compte bancaire jusqu’aux impôts. Un vrai parcours du combattant. Pas étonnant dans ces conditions que les TRE et les étrangers en général fuient”.
“J’aimerais voir plus de coordination entre les administrations, des procédures moins rigides si l’on veut vraiment faciliter l’investissement”, indique-t-il.
Combien sont-ils aujourd’hui les TRE prêts à investir ? A cette question, Riadh Jaidane, député à l’ARP et président de l’Appel des Tunisiens à l’étranger (ATE) a répondu que leur nombre est très faible, “une centaine en tout”. Il souligne: “Nous ne disposons d’aucun chiffre. Aujourd’hui, il y a urgence aussi de réviser les textes de loi qui ne correspondent plus à la réalité”.
TRE et affaires locales en Tunisie à l’aube des élections
Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales, a fait savoir que les TRE sont une richesse pour le pays. Il précise: “Quand on voit les facilités accordées à leur diaspora dans d’autres pays , pourquoi ne faisons-nous pas pareil ? C’est à nous de leur préparer le terrain”. Il conclut: ” Les TRE jouent un rôle important dans la diplomatie décentralisée. D’ailleurs, nous avons signé des partenariats avec des régions telle la convention entre l’île-de-France et le Grand Tunis pour le développement de projets dans les régions. C’est à nous d’en tirer profit de ces potentiels, quand on voit que ceux qui président certaines mairies, ou qui assurent la vice présidence sont d’origine tunisienne, nous devrions en être fiers”.