La relation économique entre la Tunisie et la Chine entre aujourd’hui dans une nouvelle phase prometteuse, riche en opportunités. Ce partenariat dépasse largement les simples échanges commerciaux : il repose aussi sur des investissements, la coopération industrielle, le progrès technologique et la diversification des secteurs porteurs.
Alors que la Tunisie cherche à accélérer son développement économique avec des partenaires solides, la Chine renforce sa présence en Méditerranée. Ensemble, ils ouvrent la voie à une croissance durable et équilibrée, fondée sur des échanges plus riches, des investissements directs et des projets innovants.
Échanges commerciaux en croissance
En 2024, les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Chine ont progressé de 8 %, atteignant 9,2 milliards de dinars; contre 8,5 milliards l’année précédente. Cette augmentation confirme la consolidation des liens bilatéraux. Et ce, même si la balance commerciale reste largement en faveur de la Chine, qui exporte principalement vers la Tunisie des produits électroniques, mécaniques et technologiques à forte valeur ajoutée. La Tunisie, de son côté, cherche à mieux exploiter son potentiel d’exportation vers la Chine, surtout dans les secteurs agricoles et agroalimentaires, encore insuffisamment développés.
Investissements chinois en Tunisie
Les investissements chinois connaissent une croissance rapide, particulièrement dans l’industrie et les infrastructures. En avril 2025, une entreprise chinoise spécialisée dans le ciment a acquis une usine près de Tunis pour plus de 100 millions de dollars, en modernisant les équipements, intégrant des technologies avancées et respectant les normes environnementales. Ce qui témoigne de la montée en qualité de ces investissements. Par ailleurs, la Chine manifeste un intérêt croissant pour le secteur automobile tunisien, avec plusieurs projets d’usines de composants qui pourraient dynamiser la production locale et créer des emplois qualifiés.
Coopération industrielle et infrastructures
Au-delà du commerce, la coopération s’étend à la santé, la technologie, l’industrie et les infrastructures. Un accord global est en cours de discussion pour renforcer ces échanges, avec notamment le soutien chinois à la rénovation du stade olympique d’El Menzah et la promotion de vols directs entre la Chine et la Tunisie pour booster le tourisme. Ce partenariat mise sur un dialogue équilibré, valorisant la stabilité politique tunisienne, sa position stratégique en Méditerranée et une main-d’œuvre qualifiée.
Tourisme en plein essor
Le tourisme représente un secteur dynamique dans ces relations. La Tunisie a accueilli environ 20 000 touristes chinois en 2024, avec un objectif de 30 000 en 2025. Pour cela, des efforts sont faits pour ouvrir des vols directs et former les professionnels tunisiens aux cultures et langues chinoises, afin d’améliorer l’accueil.
Innovation et technologie
La coopération s’oriente également vers la technologie et l’innovation. La Chine encourage la création de zones technologiques en Tunisie, favorise les échanges de compétences et soutient des projets conjoints en recherche, formation et industrie innovante. L’ouverture de l’Institut Confucius de Tunis illustre cette dynamique culturelle et éducative, facilitant l’apprentissage du chinois et le dialogue interculturel.
Croissance chinoise et secteur stratégique
Bien que la croissance chinoise soit plus modérée qu’autrefois autour de 5 % en 2025 contre des rythmes à deux chiffres dans les années 1990-2000, le pays maintient une solide dynamique avec une croissance annuelle oscillant entre 7 et 9 % depuis 2014. Le secteur touristique chinois est en plein essor avec environ huit millions de visiteurs étrangers accueillis en 2024. Mais surtout avec un tourisme intérieur très actif, générant près de 80 milliards de dollars par an et une croissance à deux chiffres. Le tourisme rural joue aussi un rôle important dans le développement économique des régions.
Leadership dans les véhicules électriques
La Chine domine largement le marché mondial des véhicules électriques, représentant près des deux tiers des ventes globales en 2024, soutenue par des politiques publiques ambitieuses (subventions, allègements fiscaux, quotas pour les constructeurs). Elle contrôle aussi environ 70 % de la production mondiale de batteries lithium-ion, composant clé des véhicules électriques. Ce qui lui permet d’offrir des prix compétitifs. Ce leadership suscite des réactions en Europe et aux États-Unis, où des droits de douane sont mis en place pour protéger leurs industries.
Sur le marché tunisien, la marque BYD est la plus connue, mais une vingtaine d’autres marques chinoises sont présentes. La priorité environnementale motive largement le choix des véhicules électriques.
La mobilité électrique prend de plus en plus d’ampleur en Tunisie, portée notamment par des marques innovantes comme BYD (Build Your Dreams), un leader mondial et local dans ce secteur. Face à une demande croissante pour des moyens de transport plus propres, économiques et faciles à entretenir.
Sur le plan écologique, une voiture électrique émet entre 22 et 28 % de CO₂ en moins qu’un véhicule thermique classique et jusqu’à 80 % de réduction dans les scénarios les plus favorables, même en intégrant la production des batteries. Sur toute leur durée de vie, ces véhicules réduisent de 55 à 80 % leur impact environnemental par rapport aux voitures essence ou diesel, tout en n’émettant aucune pollution locale. Cela aide à améliorer la qualité de l’air, notamment dans les zones urbaines.
Sur le plan économique, les voitures électriques présentent un coût d’entretien jusqu’à 30 % inférieur à celui des modèles thermiques, grâce à une mécanique simplifiée comportant beaucoup moins de pièces d’usure. Par exemple, il n’est pas nécessaire de faire de vidange, ni de remplacer courroies ou embrayage, et les risques de pannes mécaniques sont nettement réduits.
En moyenne, les propriétaires réalisent une économie d’environ 12 000 dinars sur la durée de vie de leur véhicule. Le freinage régénératif, qui récupère de l’énergie au freinage, limite également l’usure des plaquettes et des disques, ce qui prolonge leur durée de vie.
BYD s’affirme ainsi comme un acteur clé de la transition énergétique en Tunisie. Avec l’ouverture de nouvelles agences à travers le pays et une gamme complète de véhicules adaptés au marché local, la marque mise sur un accompagnement de proximité, un service après-vente de qualité et une volonté forte d’aider chaque automobiliste à passer à la mobilité électrique.
À Shanghai, le réseau NIO Power propose des solutions innovantes avec des stations de recharge et d’échange rapide de batteries, offrant un service pratique et performant accessible sur 83 % du territoire chinois.
Progrès dans le traitement des eaux usées
Par ailleurs, la Chine a fait d’importants progrès dans le traitement des eaux usées, avec près de 90 % des eaux urbaines désormais traitées. Cela améliore la qualité de vie et protège l’environnement, notamment dans les grandes agglomérations en forte expansion.
Perspectives et défis
Ce partenariat prometteur reste toutefois perfectible. Le principal défi reste de réduire le déséquilibre commercial en augmentant significativement les exportations tunisiennes vers la Chine. La Tunisie demeure un partenaire stratégique pour Pékin, notamment dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie. La stabilité politique et l’avance des réformes économiques sont essentielles pour consolider cette dynamique.
In fine, la Tunisie et la Chine construisent un partenariat stratégique et multidimensionnel, qui va bien au-delà du simple commerce, offrant une vision commune d’un développement durable, innovant et bénéfique pour les deux pays.