La Turquie accélère son entrée dans le domaine de l’énergie nucléaire, se fixant comme objectif stratégique la construction de 12 réacteurs nucléaires d’ici 2050, dans un contexte de sécurité énergétique, de réduction de la dépendance aux combustibles importés et de transition vers la neutralité carbone.
Le dernier épisode de ce processus a été la signature d’un protocole d’accord (MoU) sur l’énergie nucléaire entre la société d’État Türkiye Nükleer Enerji AŞ (TUNAS) et la Korea Electric Power Corporation (KEPCO), en présence des présidents Recep Tayyip Erdoğan et Lee Jae-myung, lors de la visite officielle du président sud-coréen à Ankara.
Selon le ministère turc de l’Énergie, le protocole d’accord prévoit l’échange de savoir-faire, de données techniques et d’expérience, ainsi que des projets conjoints allant du développement de centrales nucléaires et de l’évaluation de sites, au financement de projets et à la formation des ressources humaines. Le ministre de l’Énergie, Alparslan Bayraktar, a qualifié l’accord de « partenariat stratégique » renforçant la sécurité énergétique à long terme du pays.
L’étape cruciale d’Akkuyu et les prochaines étapes
La centrale nucléaire d’Akkuyu, à Mersin, est la pierre angulaire du programme nucléaire turc. D’une capacité de 4 800 MW, il s’agit de la première centrale du pays. Construite par le groupe russe Rosatom selon le modèle BOO (construction-exploitation-propriété), elle comprend quatre réacteurs VVER-1200. Une fois achevée vers fin 2028, elle devrait couvrir environ 10 % des besoins en électricité de la Turquie.
Dans le même temps, Ankara poursuit la conception d’une deuxième centrale nucléaire à Sinop, en pourparlers avec la Russie et la Corée du Sud, tandis que des contacts sont en cours avec la Chine pour un troisième projet nucléaire en Thrace.
Rappelons qu’en 2023 déjà, KEPCO avait soumis une proposition préliminaire pour la construction de quatre réacteurs APR-1400 dans une région du nord de la Turquie.
Les petits réacteurs modulaires sont sous les projecteurs
L’accent est également mis sur les petits réacteurs modulaires (PRM). La Turquie prévoit d’ajouter 5 GWe de capacité de PRM d’ici 2050, ce qui correspond à au moins 16 unités individuelles, renforçant ainsi la flexibilité de son système énergétique et facilitant l’installation de centrales nucléaires dans des zones industrielles ou des sites isolés.
En résumé, alors que l’énergie nucléaire fait un retour dynamique à l’agenda européen et international, Ankara semble déterminée à passer en « première vitesse » de la nouvelle ère énergétique, avec tout ce que cela implique pour les équilibres géopolitiques de la région.