Présente en Tunisie depuis janvier 2025, l’Agence belge de coopération internationale (ENABEL) intervient principalement dans les secteurs de l’éducation et de l’agriculture. L’agence prévoit de lancer prochainement un projet sur les eaux souterraines en collaboration avec le ministère tunisien de l’Agriculture. Elle envisage également de développer des initiatives dans les domaines de la santé, de la digitalisation et de la production de vaccins, sans que des projets concrets ne soient encore finalisés.
Claire Schamps, directrice générale adjointe d’Enabel Tunisie, a expliqué sur RTCI que l’agence souhaite aligner ses actions sur les priorités du gouvernement tunisien. Elle s’inscrit dans la dynamique de la « Team Belgium ». Laquelle réunit l’ambassade de Belgique, la délégation Wallonie-Bruxelles International et Enabel. Et ce, pour coordonner l’ensemble des actions belges dans le pays, certaines menées depuis plus de quarante ans dans l’éducation et la culture.
Dans ce cadre, Enabel a présenté ses initiatives à l’occasion du bilan des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, clôturé par un événement organisé les 9 et 10 décembre à la Cité des Sciences de Tunis. Parmi ses projets structurants, l’agence conduit le programme régional SILA, financé par l’Union européenne et mis en œuvre avec l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement. Le nom « SILA », qui signifie « le lien » en arabe, reflète l’objectif de renforcer la cohésion entre les acteurs tunisiens engagés contre les violences faites aux femmes et aux filles. « Il est nécessaire de créer un lien transversal entre tous les acteurs pour assurer une prise en charge et une sensibilisation efficaces », a souligné Claire Schamps.
Le programme associe institutions publiques, associations et partenaires universitaires, dont le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées, l’Observatoire de lutte contre les violences à l’égard des femmes, l’Office national de la famille et de la population ainsi que diverses associations féministes. Il s’appuie sur la loi 58 de 2017, pionnière dans la région, qui définit le cadre juridique de protection des victimes et des mesures de prévention. Enabel prévoit de créer des fonds d’urgence pour les centres de protection, d’attribuer des bourses de recherche et de collecter des données avec l’observatoire national pour alimenter les politiques publiques.
L’autonomisation économique des femmes au cœur du dispositif
Enabel met également l’accent sur l’autonomisation économique des femmes. Claire Schamps explique que l’entrepreneuriat féminin peut aider à « briser le cercle de violence » et permettre aux victimes de sortir de situations d’emprise. Dans d’autres pays, l’agence a déjà soutenu des filières comme celle des dattes. Et ce, en aidant les femmes à améliorer leurs processus de production, à respecter les normes sociales et financières, à se former et à exporter.
Des échanges d’expertise entre la Belgique et la Tunisie sont aussi prévus, avec des visites de terrain inspirées des centres belges de prise en charge globale des victimes de violences sexuelles, ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis 2017. Ces centres offrent un appui psychologique, médico-légal et judiciaire. Cette approche intégrée constitue l’ADN d’Enabel et inspire les dispositifs en développement en Tunisie.
« Écos » : un musée pop-up pour sensibiliser les jeunes
Le point d’orgue des 16 jours d’activisme a pris la forme du musée pop-up « Écos », installé à la Cité des Sciences pour toucher particulièrement les jeunes femmes, plus exposées aux violences. Le musée proposait des espaces immersifs combinant visuel et sonore, avec la reconstitution d’un café où les visiteurs entendaient des voix d’agresseurs avant de découvrir les initiatives mises en place en Tunisie.
Les visiteurs ont également assisté à des performances artistiques, à la création d’une fresque en direct, à des séances de bande dessinée et à la diffusion de la chanson « Ralia », financée par l’Union européenne, pour transmettre des messages de sensibilisation par la musique.
À l’issue de l’événement, Claire Schamps a salué l’engagement des jeunes et la manière dont la culture et l’art tunisiens ont permis de faire passer les messages « à travers cette finesse culturelle » et de façon innovante. Les organisateurs espèrent capitaliser sur les échanges et les idées générées pendant ces 16 jours pour renforcer durablement la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Tunisie.