À qui appartiennent les droits d’une œuvre créée par l’intelligence artificielle ( IA) ? Cette question a ouvert les débats lors d’un atelier sur les droits d’auteur à l’ère numérique, organisé dans le cadre de la 44ème Foire du livre de Sharjah, où écrivains, éditeurs et créateurs se sont penchés sur les bouleversements juridiques et éthiques qui secouent l’industrie du contenu.
Selon l’agence TAP, la réponse du Dr Mohammed Mahmoud Al Kamali, membre du conseil d’administration de l’Association de gestion des droits de reproduction émiratie et modérateur de la rencontre, est sans équivoque : seule la créativité humaine peut bénéficier de la protection des droits de propriété intellectuelle. Une production automatique ne saurait être considérée comme une œuvre originale au sens juridique, créant ainsi un fossé croissant entre liberté de création et protection des droits d’auteur. L’expert a pointé du doigt la complexité du problème. Les systèmes d’IA se nourrissent de millions de textes et d’images issus d’œuvres humaines protégées par le droit d’auteur. Chaque nouveau contenu généré soulève donc des interrogations éthiques et juridiques quant à son attribution et sa source. La frontière entre création humaine et artificielle devient de plus en plus fragile, rendant la sauvegarde de l’original le plus grand défi de l’ère des technologies ouvertes.
Al Kamali a rappelé que les lois traditionnelles sur les droits d’auteur, notamment la Convention de Berne, exigent toujours que l’auteur soit une personne physique, excluant de facto les œuvres générées automatiquement du champ de la protection juridique. L’originalité et l’intervention humaine demeurent les critères fondamentaux dans l’octroi des droits, poussant le monde vers l’élaboration de nouvelles définitions de l’auteur et de l’identité artistique.
Face à ces enjeux, l’intervenant a mis en avant plusieurs solutions technologiques pour protéger la propriété intellectuelle : l’empreinte numérique pour tracer les copies, les outils de détection du plagiat comme Plagscan et Turnitin, ou encore les systèmes de gestion des droits numériques qui empêchent toute modification, copie ou publication non autorisée.
Le message est clair : l’avenir exige un équilibre délicat entre encouragement de l’innovation technique et protection des droits des créateurs. Une modernisation urgente des lois s’impose pour suivre les évolutions numériques, avec des réglementations claires garantissant aux auteurs les bénéfices de leurs œuvres sans entraver la liberté de création technologique. Car le véritable défi n’est pas de combattre la technologie, mais de construire un cadre juridique et éthique qui accompagne son développement tout en préservant la pérennité de la créativité humaine.