L’intelligence artificielle générative ne se contente plus d’assister les professionnels : elle redéfinit en profondeur le travail intellectuel. Traduction, analyse de données, production de contenus… de nombreux secteurs voient leur organisation bouleversée.
La traduction illustre cette mutation : alors que DeepL et ChatGPT fournissent des textes instantanés, le rôle du traducteur humain se recentre sur la post-édition, une activité plus contraignante et moins valorisée.
Mais le phénomène dépasse largement ce premier terrain d’expérimentation. Des géants comme Amazon, IBM, Accenture ou Salesforce ont intégré l’IA dans leurs processus internes, allant parfois jusqu’à réduire leurs effectifs. Amazon, par exemple, a supprimé 14 000 postes administratifs, un mouvement présenté comme l’effet direct de l’automatisation. Dans la même logique, plusieurs entreprises combinent rationalisation et adoption de l’IA pour les fonctions RH, marketing ou service client, comme le rapportent en substance nos confrères de RFI.
En Europe, les plans sociaux restent limités, mais les tendances se précisent. Selon une enquête menée auprès de cadres dirigeants dans 13 pays, près de la moitié ont déjà ajusté leurs effectifs sous l’effet de l’IA, et plus de la moitié anticipent moins d’embauches dans les cinq prochaines années. Souvent, ces transformations passent par le gel des recrutements ou le non-remplacement des départs, plutôt que par des licenciements massifs, indique la radio française.
Certains secteurs, déjà partiellement automatisés, confirment cette dynamique. Les centres d’appels réduisent progressivement la part d’interactions humaines, remplacées par des canaux digitaux et des systèmes d’analyse automatisée capables de superviser certaines fonctions d’encadrement.
Les jeunes diplômés sont particulièrement exposés. Les postes juniors, historiquement centrés sur l’analyse ou la production de contenus, figurent parmi les plus automatisables. Selon une étude de l’université Stanford, l’emploi des 22-25 ans dans les professions fortement touchées par l’IA a reculé de 13% depuis 2022, et de 20% pour les développeurs.
Pour les entreprises, l’enjeu n’est plus seulement la suppression de postes, mais la redéfinition des métiers. Les fonctions évoluent, distinguant clairement les salariés capables de tirer parti de l’IA de ceux dont le rôle est progressivement marginalisé.
Les études convergent : la transition est en cours, mais ses effets sociaux complets ne se révéleront pleinement que dans les années à venir. Cela étant, il faut toutefois se préparer, car le processus est en marche.