Environ ¾ des entreprises tunisiennes consacrent un budget inférieur aux initiatives environnementales. Cela a été révélé par une enquête réalisée, dans le cadre de la « 7ème édition du Baromètre de la santé des PME en Tunisie MIQYES 2025 : Focus sur le développement durable », et qui a été présentée, mardi 10 juin, à Tunis.
Miqyes est une enquête nationale menée du 15 janvier au 20 avril 2025, basée sur les déclarations de 233 entreprises tunisiennes. Elle met un accent particulier sur leur engagement environnemental et leur transition vers des pratiques durables.
Cette enquête a été réalisée par la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Elle vise à évaluer et valoriser les efforts des entreprises tunisiennes en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Abdelkader Boudriga, économiste, a présenté ces chiffres lors de la présentation du baromètre :
Répartition sectorielle des entreprises :
- 50,6 % dans l’industrie;
- 34,8 % dans les services;
- 14,6 % dans d’autres secteurs (commerce et agriculture).
Âge des entreprises :
- Âge moyen : 21 ans;
- Âge médian : un peu moins de 14 ans.
63 % des entreprises n’utilisent pas de référentiel reconnu pour mesurer leur impact social ou environnemental. Seulement 14 % utilisent un référentiel reconnu pour évaluer leur performance sociale ou environnementale.
Les entreprises très jeunes (<10 ans) et très anciennes (>20 ans) ont tendance à utiliser des référentiels reconnus pour évaluer leur impact.
Presque la moitié des entreprises ne communiquent pas du tout sur leurs performances sociales/environnementales. Ce qui freine la transparence, l’amélioration continue et la reconnaissance externe.
Voici la répartition du financement des initiatives sociales et environnementales :
- 52,36 % utilisent leurs fonds propres;
- 12,45 % s’appuient sur des dons;
- 11,59 % bénéficient d’aides ou subventions gouvernementales;
- 6,01 % ont recours au crédit bancaire;
- 4,72 % seulement au private equity.
S’agissant des émissions de gaz à effet de serre (GES), 115 entreprises ont indiqué que leurs émissions directes sont liées aux processus industriels, 80 entreprises génèrent des émissions des transports (véhicules, avions), 54 entreprises génèrent des émissions liées à l’électricité (émissions indirectes), 42 des enquêtées génèrent des émissions liées à la production de la chaleur et 25 entreprises des émissions liées aux déchets.
Le niveau d’engagement en matière de décarbonisation augmente avec l’indice des attentes des clients : il est faible en l’absence d’attentes (score de -0,04) et atteint un maximum de 0,89 lorsque quatre attentes sont exprimées.
L’engagement des entreprises dans la réduction de leur empreinte carbone dépend fortement des contraintes réglementaires et légales auxquelles elles sont soumises. Plus les budgets alloués sont élevés, plus leur indice d’engagement dans ces initiatives est important.
Cependant, peu d’entreprises adoptent des mesures concrètes :
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Seules 7,6 % utilisent significativement des énergies renouvelables.
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20 % déclarent avoir réalisé un bilan carbone, principalement dans le secteur industriel et parmi les entreprises implantées depuis plus de 20 ans, notamment dans le Grand Tunis.
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30 % ne suivent aucun indicateur environnemental.
Par ailleurs, les pratiques telles que la mesure régulière de l’empreinte carbone ou l’éco-conception restent marginales.