Le Conseil allemand des experts économiques prévoit une croissance nulle pour l’économie allemande cette année. La principale raison étant la politique douanière américaine. L’espoir d’une relance de la croissance est toutefois perceptible dans le prochain plan économique du nouveau gouvernement.
« L’économie allemande sera affectée dans un avenir proche par deux facteurs : la politique douanière américaine et le plan économique du gouvernement ». C’est ce qu’a déclaré mercredi 21 mai la présidente du Conseil allemand des experts économiques, Monika Schnitzer. Elle présentait plus tôt dans la journée le rapport de printemps des « sages » de l’économie et mettait en avant simultanément le défi et l’opportunité de la période actuelle.
« Cependant, les risques risquent de l’emporter sur les avantages cette année. L’économie allemande traverse encore une phase de forte faiblesse et a récemment peu bénéficié de la croissance économique mondiale. L’introduction de droits de douane par les États-Unis pèse sur l’activité économique mondiale et le commerce international de marchandises »,indique encore le rapport. Tout en soulignant que le marché américain est le plus important pour les exportateurs allemands. Puisque ces derniers y ont exporté 10,4 % de leurs marchandises en 2024. Soit le pourcentage le plus élevé depuis 2002.
« Si le conflit commercial entre l’UE et les États-Unis s’intensifie davantage, cette incertitude en matière de politique commerciale pourrait avoir un impact négatif sur les décisions d’investissement des entreprises ». Ainsi ont déclaré les économistes, expliquant la révision à la baisse de leur précédente prévision de croissance de 0,4 %. Sachant que la Commission européenne a déjà révisé ses prévisions pour l’économie allemande, de 0,7 % à zéro. Les cinq « sages » estiment cependant que le PIB allemand augmentera de 1 % en 2026.
Le Conseil s’attend simultanément à un coup de pouce significatif à l’économie grâce au prochain paquet économique du nouveau gouvernement fédéral. Et il évalue positivement les récents changements constitutionnels concernant le « frein à l’endettement ». « Si elles sont utilisées correctement, elles offrent des opportunités de modernisation et de relance économique », souligne le rapport. Et ce, en vue de lever les restrictions d’emprunt et de créer un fonds spécial de 500 milliards d’euros pour l’entretien des infrastructures de base. Le « défi principal » est l’utilisation des fonds pour véritablement conduire à la croissance.
« L’impact à long terme sur le PIB est d’autant plus important que ces fonds sont utilisés à des fins d’investissement. Si, au contraire, ces fonds sont davantage utilisés pour la consommation, cela augmenterait le ratio d’endettement », a averti Achim Truger, membre du Conseil. Tout en qualifiant d’« insuffisantes » les mesures de protection prises jusqu’à présent, qui, estime-t-il, « créent une marge de manœuvre importante pour réaffecter les dépenses du budget principal, à hauteur de 1,2 % du PIB ».
Au final les économistes considèrent que les mesures prises jusqu’à présent pour limiter la bureaucratie sont insuffisantes. De même qu’ils estiment le coût de l’accomplissement des obligations bureaucratiques à environ 65 milliards d’euros par an. Le rapport souligne également que « l’acceptation sociale des changements structurels dépend dans une large mesure de notre capacité à créer des perspectives d’avenir pour les régions particulièrement touchées par la stagnation économique ».