Malgré une croissance soutenue du secteur de la microfinance en Tunisie, avec un encours de crédits atteignant 2 295,2 millions de dinars à fin 2024 et plus de 627 000 emprunteurs actifs, l’accès aux financements demeure restreint pour de nombreuses populations vulnérables. En cause : des taux d’intérêt jugés élevés et des conditions de financement contraignantes, selon une récente note publiée par l’intermédiaire en bourse Tunisie Valeurs.
Les Institutions de Micro-Finance Sociétés Anonymes (IMF-SA) peinent à élargir leur couverture, notamment en zones rurales, où seules 218 agences étaient recensées en 2023. Le modèle économique des IMF-SA est fragilisé par leur incapacité à collecter des dépôts ou à bénéficier du refinancement de la Banque Centrale, contrairement aux Associations de Microcrédits (AMC) qui, elles, profitent de conditions préférentielles via la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS).
Confrontées à des coûts de refinancement élevés auprès de banques locales ou de fonds internationaux, les IMF-SA se tournent de plus en plus vers le marché obligataire. En 2023 et 2024, elles ont levé respectivement 116 et 123 millions de dinars, représentant une part croissante des émissions obligataires du secteur privé.
Pour assurer une croissance durable du secteur, Tunisie Valeurs recommande :
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L’harmonisation des conditions de refinancement entre IMF-SA et AMC,
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La mise en place de fonds de garantie incitant les banques à refinancer les IMF,
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L’ouverture aux financements étrangers, porteurs de capital et de bonnes pratiques,
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L’orientation de l’épargne locale vers la microfinance via la création de SICAR ou de fonds spécialisés,
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Une réforme du cadre réglementaire permettant aux IMF de collecter l’épargne, à l’image des banques traditionnelles.
La note souligne aussi le potentiel de la digitalisation, jugée plus stratégique que l’ouverture d’agences physiques. L’usage de la banque mobile et du crowdfunding est vu comme un levier essentiel pour renforcer l’inclusion financière, en particulier dans les zones reculées.
Enfin, Tunisie Valeurs estime que l’intégration de la microfinance dans la stratégie économique nationale renforcerait son rôle dans la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois et le soutien à l’entrepreneuriat.
Avec TAP