De la crise financière de 2008 à la guerre en Ukraine en passant par le « Brexit », la réélection de Donald Trump et les crises sociales dans le « Sud global » (creusant les inégalités entre pays riches et pays pauvres), le discours sur la « mondialisation heureuse » est battu en brèche. En cela, la guerre commerciale lancée par le président américain apparaît comme une réaction de rejet contre une mondialisation que les États-Unis ont eux-mêmes conçue et impulsée. Un tournant historique, source d’instabilité internationale.
La défiance américaine contre la mondialisation
La réélection de D. Trump traduit une défiance des citoyens américains contre le modèle du libre-échange. Celui-ci a perdu de son attractivité face à la fragilisation des classes populaires/moyennes par la fermeture d’usines, la destruction d’emplois et le creusement des inégalités, le tout sur fond de balance commerciale très largement déficitaire.
Dès lors, la mondialisation est de plus en plus perçue comme une source de risque et de vulnérabilité. La pandémie de Covid-19 (avec la dépendance aux masques et aux médicaments « made in China ») a servi de révélateur, et la guerre en Ukraine (et ses conséquences sur les marchés des énergies et des céréales) a confirmé l’enjeu clé de la sécurité des chaînes mondiales de production et d’approvisionnement.
Partant, au-delà même des États-Unis, un souverainisme politique et économique se diffuse et affecte l’ordre international libéral établi en 1945. Le découplage et la réindustrialisation ont fait irruption dans les débats stratégiques, avec en toile de fond la résurgence du thème de la souveraineté (alimentaire, industrielle, technologique, etc.) et des pratiques protectionnistes.
Partant, au-delà même des États-Unis, un souverainisme politique et économique se diffuse et affecte l’ordre international libéral établi en 1945. Le découplage et la réindustrialisation ont fait irruption dans les débats stratégiques, avec en toile de fond la résurgence du thème de la souveraineté (alimentaire, industrielle, technologique, etc.) et des pratiques protectionnistes.

Mondialisation et inégalités
La stratégie de protectionnisme commercial qui symbolise le début du nouveau mandat de D. Trump à la Maison Blanche est liée à une volonté affichée (réelle ?) : garantir une meilleure protection des travailleurs des classes moyennes contre la concurrence internationale et forcer les entreprises (y compris étrangères) à investir aux États-Unis. Cette obsession révèle un fait historique : si la première puissance mondiale a profité de la mondialisation, elle n’a pas échappé pour autant à ses effets inégalitaires.
La stratégie de protectionnisme commercial qui symbolise le début du nouveau mandat de D. Trump à la Maison Blanche est liée à une volonté affichée (réelle ?) : garantir une meilleure protection des travailleurs des classes moyennes contre la concurrence internationale et forcer les entreprises (y compris étrangères) à investir aux États-Unis.
Les inégalités entre individus sont aussi un facteur d’instabilité internationale. Ces inégalités se mesurent – à l’échelle internationale – en prenant en compte deux niveaux : au sein des pays et entre pays. De ce (double) point de vue, la mondialisation a produit des effets contrastés. D’un côté, elle a permis durant les décennies 1990 et 2010 de résorber les « inégalités mondiales » (c’est-à-dire les inégalités entre pays) : l’écart de richesse entre le Sud et le Nord n’a cessé de se réduire ; même si les taux de croissance du PIB demeurent bas pour certains États africains, plusieurs pays d’Asie ont connu une croissance rapide et une hausse des revenus moyens de leurs habitants.
De l’autre, dans les sociétés du Nord comme du Sud, la mondialisation a creusé les inégalités. Les inégalités de revenu à l’intérieur de chaque pays ont eu tendance à augmenter, y compris dans les sociétés développées occidentales, caractérisées à la fois par la dégradation de la condition des classes moyennes inférieures et l’enrichissement des 1% les plus riches (qui ont connu une forte croissance de leurs revenus).
Dans un monde en recomposition, où les rapports de force évoluent, il faut répondre à l’urgence tout en imaginant de nouvelles règles, comme l’illustre la question de la dette des pays pauvres. Pas sûr que le retour d’un protectionnisme généralisé soit la solution systémique à ce phénomène.
De plus, depuis les années 2020, le rattrapage entre les pays à revenus moyens et les pays industrialisés marque le pas. Entre le Nord et le Sud, le fossé s’agrandit de nouveau. Les crises sociales et politiques confirment la défaillance du modèle de développement (néolibéral) dominant. Les rapports de la Banque mondiale et du PNUD soulignent cette inversion de tendance : les inégalités entre pays riches et pays pauvres se creusent à nouveau. Dans un monde en recomposition, où les rapports de force évoluent, il faut répondre à l’urgence tout en imaginant de nouvelles règles, comme l’illustre la question de la dette des pays pauvres. Pas sûr que le retour d’un protectionnisme généralisé soit la solution systémique à ce phénomène…