Dans sa dernière note d’analyse macroéconomique, la Banque centrale de Tunisie (BCT) s’est intéressée à la dynamique de l’inflation. C’est particulièrement important du moment que cela impactera sa politique monétaire, tant que son statut actuel n’est pas encore touché.
Le document de la BCT s’intéresse à l’indice de prix jusqu’à fin février 2025; donc avant la décision de baisser le taux directeur et avant que l’inflation ne reparte à la hausse.
Plus de détente en 2025
L’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés, s’est établie à 5,1 % fin février 2025. Mesurée hors alimentation et énergie, elle est de 5,7 %. Cet indice est particulièrement influencé par l’accélération de l’inflation des produits manufacturés à prix libres (26,6 % du panier de consommation). Hors huile d’olive, l’inflation sous-jacente a augmenté, en février, de 20 points de base à 5,8 %.
Les prévisions de la BCT sur la tendance future de l’inflation n’ont pas changé, toujours à la baisse. Elle devrait évoluer légèrement au-dessus de 5 % en 2025 et 2026. Nous retrouvons, encore une fois, l’effet positif des prix de l’huile d’olive, qui devrait atténuer les répercussions des augmentations des salaires et les pressions sur les prix internationaux et les capacités de production, dans plusieurs secteurs d’activité, à l’instar du secteur agricole et le secteur public.
L’une des remarques les plus importantes de la note concerne les finances publiques. En fait, les « contraintes financières sur le budget de l’Etat et la détérioration des équilibres financiers des entreprises publiques pourraient occasionner des ajustements de certains prix administrés, en 2026 ».
Le nouveau scénario central de prévision évoque une inflation de 5,3 %, en moyenne, sur la période 2025-2026. Par rapport aux anciennes prévisions, il s’agit d’une réduction de 50 points de base pour 2025 et d’une hausse de 20 points de base pour 2026.
Pour l’inflation sous-jacente, elle serait de 5,0 % en moyenne sur la même période. Hors alimentation et énergie, l’inflation devrait revenir de 6,6 % en 2024 à 5,7 % en 2025 et 5,3 % en 2026.
Les pressions à la hausse sont toujours là
Un autre élément important est à tenir en considération : « Les risques autour du scénario central demeureraient globalement asymétriques et orientés à la hausse sur l’horizon de prévision. Les perspectives restent tributaires, notamment de l’évolution des prix internationaux des produits de base et des matières premières, des coûts salariaux, de la vigueur de la demande, du processus de réformes stratégiques au niveau de la gestion des finances publiques et des secteurs stratégiques, de la vitesse de transition énergétique et de l’évolution de la situation hydrique du pays ».
Le recours excessif du Trésor au financement monétaire, la persistance des troubles au niveau des circuits de distribution, la récurrence de chocs d’offre ainsi qu’à un comportement de marge excessive, ajouteraient un lot d’incertitude à la prévision de l’inflation.
Tout ce qui a été présenté par la BCT n’est qu’un discours technique pour dire qu’il est encore trop tôt pour baisser une seconde fois le taux directeur d’une ampleur significative.
Mais est-ce qu’elle aura réellement le choix si sa loi est modifiée?