Quelques heures après son investiture, le 20 janvier 2025, le 47ème président US, Donald Trump, multiplie les déclarations concernant ses nouvelles orientations. S’il y a un mot qui peut résumer cette nouvelle politique, on ne trouvera pas mieux que le terme « se désengager». Cinq principaux axes de désengagement des différents systèmes ayant fondé l’ordre mondial durant les 30 dernières années constituent les bases de cette nouvelle politique. Il s’agit des systèmes de :
Droit international
Cela ne se limite pas à aux déclarations concernant la « reprise du contrôle » du canal de Panama et l’idée « d’annexer» le Canada et le Groenland aux USA, mais concerne aussi le déplacement des Palestiniens de Gaza vers l’Egypte et la Jordanie et la prise de contrôle par les USA. Bien évidemment, on pourra s’attendre, dans les jours et mois à venir, à des déclarations similaires qui remettent toutes en cause le droit international et qui posent des questions sérieuses quant à la vision US de l’avenir des relations internationales et des mécanismes institutionnels internationaux, notamment les Nations unies, Conseil de sécurité compris.
Libre-échange
Trente ans après la création de l’OMC ouvrant droit à un libre accès au marché mondial, la nouvelle administration US envisage d’augmenter les droits de douanes sur les produits importés. Même si cette mesure ne précise pas clairement pour le moment les pays et les produits visés ainsi que les taux à appliquer (à part les déclarations concernant le Mexique, le Canada et la Chine), elle est tout simplement une remise en cause du modèle de libre-échange. Il est vrai que la liste des pays se limite actuellement aux partenaires commerciaux US, mais une fois généralisée par les autres pays, cela implique un nouveau modèle protectionniste du commerce international dans son ensemble.
Sécurité mondiale
La nouvelle administration américaine appelle ses « alliés » de l’OTAN à augmenter leur budget de défense et par conséquent leur contribution à l’Organisation. Il est clair, du moins au niveau des déclarations, que les USA ne sont plus disposés à assurer la sécurité des autres pays. L’engagement des USA, en leur qualité de 1ère puissance militaire mondiale, notamment en faveur de l’article 5 de l’OTAN, a été durant ces dernières années l’élément essentiel de la stabilité mondiale. Sa remise en cause signifie que la garantie de dissuasion de l’OTAN pourra être compromise et pourra céder la place à un nouveau système sécuritaire sélectif décidé par les grandes puissances militaires, notamment nucléaires.
Responsabilité environnementale
Alors que tout le monde s’accorde sur les effets désastreux des changements climatiques qui pourraient menacer la vie de plusieurs centaines de millions de personnes à travers le monde et que plusieurs initiatives pour réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre) sont avancées, la nouvelle administration US est en voie de se désengager de ses responsabilités environnementales tant en interne qu’au niveau planétaire. Cela ne signifie pas seulement une remise en cause de l’engagement US envers une énergie propre, mais rompt aussi avec l’obligation de fournir aux pays en développement les ressources financières et les moyens technologiques nécessaires pour un développement durable avec une forte résilience/adaptation aux changements climatiques.
Extrait de l’analyse de Hatem Mliki qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 913 du 12 au 26 février 2025