Israël a officiellement salué le projet de D. Trump, qui tend à « prendre le contrôle de la bande de Gaza »,« éjecter » les Palestiniens hors du territoire dévasté et le transformer en « nouvelle côte d’Azur » du Moyen-Orient. Derrière le caractère hors sol ou déconnecté de ses déclarations, celles-ci ignorent le droit des Palestiniens à l’autodétermination et évoquent une vaste opération de « nettoyage ethnique » constitutive de violations manifestes du droit international, qui relèvent d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité. Une telle opération fait écho à l’histoire des Palestiniens, peuple d’exilés et de réfugiés.
Le peuple palestinien a déjà subi des opérations de nettoyage ethnique. En effet, la première guerre israélo-arabe est à l’origine de la « Nakba », une « catastrophe » qui correspond à l’exode massif de civils Palestiniens (près de 750 000 personnes, entre 1947 et 1949) forcés de quitter leurs terres par les attaques armées des différentes milices juives (l’Irgoun et la Haganah).
Palestine : une histoire de nettoyages ethniques
En effet, contrairement au récit officiel israélien, ces Palestiniens ne sont pas partis de leur plein gré, mais forcés, sous la menace et au terme d’opérations de destruction de centaines de villages, de massacres de civils et d’expulsions massives vers la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Liban, la Syrie et la Jordanie. En 1967, la « Guerre des Six jours » provoque un nouvel exode pour près de 250 000 Palestiniens. Tndis que l’armée israélienne prenait possession notamment de la Cisjordanie – y compris Jérusalem-Est – et de Gaza.
Aujourd’hui, le messianisme conjugué au suprématisme renforce les velléités d’annexion et de colonisation globales de la Cisjordanie et de Gaza et nourrissent le risque d’un nouveau nettoyage ethnique.
Gaza : un nouveau nettoyage ethnique?
La brutale offensive israélienne à Gaza (au lendemain de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023) s’est déjà traduite par le déplacement forcé de l’essentiel de la population civile (près de 2,2 millions d’habitants) au sein même du territoire palestinien occupé.
Dans un rapport publié le 14 novembre 2024, l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch montre qu’Israël a non seulement procédé à des déplacements forcés, mais que ceux-ci sont « généralisés et systématiques » et résultent d’une volonté politique (comme l’attestent de nombreuses déclarations de hauts responsables israéliens). De telles actions sont constitutives de crime de guerre et de crime contre l’humanité.
D’autant que les forces israéliennes ont délibérément rasé des zones entières et détruit la majorité des infrastructures d’eau, d’assainissement, de communication, d’énergie et de transport de Gaza, ainsi que ses écoles et ses hôpitaux. Une grande partie de Gaza est ainsi devenue invivable, du moins inhabitable.
Une telle situation est-elle de nature à justifier la volonté du président américain de déplacer les Palestiniens de Gaza (en attendant ceux de Cisjordanie et de Jérusalem-Est?) vers la Jordanie ou l’Égypte, « faire le ménage » à Gaza et d’en « prendre le contrôle » ? Non, les fantasmes ainsi exprimées par l’ex-promoteur immobilier aux tonalités messianiques ne peuvent que nourrir le chaos par le chaos, avec pour toile de fond une représentation simpliste du monde, celle d’un bon vieux western, où règne un ordre sans foi ni loi (si ce n’est la loi du plus fort, la loi de la jungle), opposant cowboys et (Amer)Indiens…
Quant aux Israéliens, si les précédentes opérations à Gaza avaient déjà suscité des critiques sur le plan de leur légalité, un seuil est aujourd’hui franchi. Les bombardements massifs sur des civils, les meurtres civils (y compris de journalistes), le siège total (qui prive les civils des services et biens essentiels à leur survie), sont constitutifs de crimes internationaux dignes d’un Etat colonial…