La Société Ciments de Bizerte (SCB) a soldé son exercice 2023 par une perte sèche de -34,355 MTND contre -28,950 MTND en 2022. Déjà, des pertes historiques de 151,067 MTND sont affichées dans le bilan. Ce qui pèse lourdement sur les fonds propres de l’entreprise.
L’année a enregistré une sous-activité par rapport à la capacité normale de production. Le coût de la sous-activité a été d’une valeur de 12,593 MTND pour la production vendue et de 0,614 MTND pour les stocks.
Des chiffres sombres
Les revenus 2023 ont reculé de 23,9 % à 91,323 MTND. La marge brute du cimentier est négative, à -2,667 MTND. Cette marge brute négative s’explique essentiellement et principalement par ce manque de production. En effet, la production du clinker réalisée en 2023 est de 305 200 tonnes seulement; alors qu’elle a atteint 539 675 tonnes en 2022.
En outre, le nombre de jours d’arrêt de production a atteint 248 durant l’année 2023, dont 35 jours pour arrêts techniques prévus et imprévus, 14 jours pour manque de matière première dans l’atelier du broyeur et 199 jours pour manque de coke de pétrole suite aux problèmes de financement de stock. Et surtout suite à l’incident survenu au niveau du pont mobile de Bizerte.
Les autres produits d’exploitation ont diminué de 31,3 % à 5,880 MTND, sachant que les revenus du quai ont reculé de 16,8 % à 3,116 MTND.
Les charges d’exploitation sont passées de 17,219 MTND en 2022 à 29,512 MTND en 2023.
De bonnes nouvelles fiscales
La société a profité de l’adhésion à cette amnistie qui lui a permis d’éviter les pénalités de retard et de recouvrement, et les frais de poursuite relatifs aux créances fiscales revenant à l’Etat pour une valeur de 2,922 MTND et d’enregistrer un profit de 0,390 MTND suite à l’ajustement comptable des articles constatés.
De plus, l’examen des comptes rattachés à la fiscalité a amené, d’une part, à la constatation d’une provision supplémentaire pour risque fiscal de 4,070 MTND; et, d’autre part, à la constatation d’un produit pour prescription fiscale de 8,036 MTND.
Le moment pour intervenir, ou jamais
La situation financière des Ciments de Bizerte est critique, la rendant incapable d’importer le coke de pétrole et la poussant à suspendre sa production du clinker et de garder, uniquement, celle de broyage et l’exploitation du quai.
Si nous regardons les chiffres les plus récents (fin mars 2024), nous constatons que l’endettement s’élève à 123,805 MTND, un montant auquel il faudra ajouter 27,574 MTND.
Il est donc temps d’accorder l’attention nécessaire à cette entreprise. La solution est un grand plan d’investissement, axé sur sa transformation du processus de production et l’utilisation des énergies renouvelables.
Par ailleurs, le cimentier est l’un des rares au monde qui dispose de son propre quai. Il a plein d’atouts qui nécessitent des moyens financiers importants pour les exploiter. Le rythme actuel montre clairement que les fonds propres vont basculer en territoire négatif dès cette année. C’est donc l’heure de vérité.