Décidemment, les Libyens ont du mal à se sortir de la crise politique dans laquelle ils se sont entraînés depuis la chute de Mouammar Kadhafi. Et les derniers événements politiques ne sont pas rassurer, ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays.
En effet, aux dernières nouvelles, le domicile et le bureau du chef du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah, mais aussi le domicile de son neveu auraient été la cible d’une attaque.
Rappelons qu’un appel a été lancé pour vider la capitale Tripoli de ses milices dès la fin du mois de ramadan. Certains analystes pensent que cette attaque a été justement perpétrée par les milices, avant leur expulsion de Tripoli.
Selon des médias arabes, le membre du Haut Conseil d’État, Belgacem Kazit, a exclu que le gouvernement d’unité nationale se dirige vers le retrait des milices de Tripoli, indépendamment de l’attaque.
Par ailleurs, plusieurs dirigeants libyens estiment que “le gouvernement a perdu sa légitimité politique et populaire. Il n’a pas d’immunité de son peuple sauf la ruine des milices. C’est pourquoi le gouvernement continuera à nourrir les milices et à les renforcer”.
De son côté, l’analyste politique Ezzedine Aquil a déclaré que “l’attaque contre la résidence de Dbeibah est une attaque factice préméditée. Elle vise à accélérer la mise en œuvre des arrangements de la zone verte et à hâter l’expulsion des milices locales hors de Tripoli”.
Ezzedine Aquil ajoute dans des déclarations rapportées par des médias locaux que “l’un des objectifs de l’attaque est de […] porter atteinte aux ambitions de développement de Tripoli. Car elle condamnera le développement sur la plus importante et la plus grande façade maritime de Tripoli, qui est la plus appropriée pour le développement. Tout cela se transformant en une zone militaire étrangère”.
De son côté, le docteur Rafaa Tabib (HDR), géopolitologue, professeur-conférencier à l’École supérieure de guerre, a livré une analyse sur la situation en Libye. C’était lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale.
Partant du constat que des groupes de milices en Libye tirent leur subsistance de la prise de contrôle des ressources dans le pays par le biais du vol, du blocage des routes et de l’imposition de taxes, il souligne que Ras Jedir représente pour ces groupes une zone importante pour récolter de fonds, et une zone de contrebande.
Rafaa Tabib explique aussi qu’il y a une compétition entre les milices pour offrir des allégeances aux Américains qui veulent intervenir dans la région ouest et réorganiser la scène intérieure libyenne.
En outre, le géopolitologue souligne que les milices libyennes rivalisent pour contrôler les zones stratégiques, notamment la ceinture de Tripoli et l’autoroute allant de la frontière tunisienne à Tripoli en passant par plusieurs régions et le poste-frontière de Ras Jedir.
De plus, les autorités libyennes considèrent que la réouverture du poste-frontière de Ras Jedir est une demande populaire en Libye. Selon lui, le ministre de l’Intérieur libyen a déclaré qu’une commission se rendrait au poste-frontière pour évaluer les dommages et qu’il serait rouvert avant la fête de l’Aïd.
En somme, la Libye se trouve malgré elle au centre de plusieurs axes de confrontation tant du point de vue énergétique que géopolitique.
Rappelons que dans la soirée de mardi 19 mars 2024, les autorités libyennes ont décidé une fermeture complète et totale du poste frontalier de Ras Jedir dans les deux sens. C’est ce qu’indique une source sécuritaire tunisienne citée par Mosaïque FM.