Il a fallu l’apparition hier du président de la République, Kaïs Saïed, sur nos écrans pour faire taire les folles rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux laissant croire qu’il avait des problèmes de santé, plongeant ainsi nos concitoyens dans l’angoisse. Une parfaite illustration de l’absence de communication de la part des autorités.
Trêve de rumeurs. Brisant ainsi un silence qui aura duré 13 jours, précisément depuis qu’il s’est déplacé le 22 mars, la veille du ramadan, à la mosquée de la Zitouna, le président de la République Kaïs Saïed est réapparu dans une vidéo en début de soirée du lundi 3 avril 2023 en recevant la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, à Carthage. Habituellement très présent sur la scène nationale, son absence avait alimenté les rumeurs les plus invraisemblables, notamment sur d’éventuels soucis de santé l’ayant contraint au repos.
« Dégout et mépris »
Réagissant aux folles spéculations sur le fait qu’il aurait été hospitalisé suite à des problèmes cardiaques, le Président a tenu à souligner que les contacts avec le palais de la Kasbah n’ont jamais cessé durant cette longue absence et que les rouages de l’Etat continuaient à fonctionner d’une manière normale.
Lors de sa rencontre avec Mme Bouden, le chef de l’Etat a fustigé ceux qui « pris dans un tourbillon de folie », ont spéculé sur la maladie du Président. « Ils ont posé leur propre diagnostic,proposé des médicaments et présenté des chiffres et des analyses dont je ne suis même pas au courant. Il a suffi que le Président, ayant pris froid, ne se manifeste pas deux ou trois jour,pour que certains évoquent la vacance du poste présidentiel. Ils ne font même pas la différence entre vacance et incapacité ponctuelle; car la vacance se trouve dans leur tête.Ils veulent simplement créer des crises, l’une après l’autre, mais cela ne passera pas », martelait-il.
« Ces gens-là qui ne pensent qu’au pouvoir m’inspirent dégoût et mépris. On a parlé ce matin de certificat de décès.Mais, je ne laisserai pas aux collabos, ennemis d’hier et alliés d’aujourd’hui, le soin de comploter contre l’Etat,ni de porter atteinte à la paix civile », , poursuit l’intervenant.
Qui est concerné en particulier par l’ire présidentielle?Visiblement le coordinateur du Front du Salut National, Ahmed Néjib Chebbi. Puisquecelui-ci, s’appuyant sur le fait que le ministre de la Santé, Ali Mrabet, médecin de son état, refusaitde répondre aux journalistes sur l’état de santé du président de la République, évoquait « un mystère entourant l’état du président ».
En effet,interrogé par les journalistes dimanche 2 avril 2023au sujet de ces informations, le ministre de la Santé Ali Mrabet avait opté pour le silence, alimentant davantage la confusion.
Or, se projetant déjà versune pathétique ère post-Saïed, le nouvel allié contre nature des Islamistes indiquait que le FSN a été informé dès le premier jour que le président Saïed souffrait de problèmes de santé.« Mais nous n’avons pas réagi, estimant que tout le monde pouvait avoir un problème de santé passager », continuait-il.
« Vide législatif »
« En cas de vacance de pouvoir provisoire, c’est à la cheffe du gouvernement NajlaBouden de diriger les affaires du pays comme le stipule la Constitution», a affirmé Néjib Chebbi. Mais en cas de vacance permanente, comme dans le cas d’un décès ou d’une maladie grave empêchant de diriger le pays, la Tunisie affronterait une « grande catastrophe » en raison d’un«vide législatif ». Ainsi, s’exprimait-il doctement lundi 3 avril, lors d’une conférence de presse à Tunis.
« Mais, nous ne devons pas attendre jusqu’à ce qu’un autre pouvoir prenne sa place… Nous estimons que ce sujet concerne tous les Tunisiens. Il est par conséquent de notre devoir de passer à des négociations permettant de parvenir à une entente entre le peuple tunisien, la société tunisienne et les forces civiles et politiques au sujet d’un mécanisme assurant la transition pacifique du pouvoir », insistait-il lourdement.
Pour rappel, la Constitution de 2022 stipule dans ses articles 107 et 108, qu’en cas d’empêchement provisoire, le Président délègue ses pouvoirs au chef du gouvernement. L’article 109 prévoit pour sa part que : « En cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, de démission, d’empêchement absolu ou pour toute autre cause, le président de la Cour constitutionnelle est alors immédiatement investi provisoirement des fonctions de président de l’État pour une période allant de quarante-cinq jours au moins à quatre-vingt-dix jours au plus ».
Indécence
Comble de l’indécence et du mauvais goût, est-il permis juridiquement et surtout moralement d’appeler à assurer la « transition pacifique » sur la base de simples rumeurs qui se sont d’ailleurs révélées totalement erronées sur les « graves ennuis de santé du Président?
La vérité est que, prenant leurs désirs pour des réalités, le FSN de Ahmed Néjib Chebbi et ses alliés islamistes se sont fait abusés comme des débutants par un média français, MondAfrique. Lequel dans un article intitulé «L’état de santé alarmant du président tunisien Kaïs Saïed» et publié hier lundi 3 avril, annonçait en scoop que Kaïs Saïed« a été hospitalisé dans un service de soins intensifs de l’hôpital militaire de Tunis pendant cinq jours. Depuis, le président est revenu au Palais de Carthage, escorté par la garde présidentielle. Il est désormais très étroitement surveillé dans l’aile de sa résidence qui a été médicalement aménagée ».
« Le silence total des autorités sur l’état du président tunisien crée un véritable malaise au sein de la société tunisienne et chez les diplomates étrangers. Les rumeurs les plus alarmistes circulent sur les réseaux sociaux, dont celle d’une possible démission de Kaïs Saïed pour des raisons médicales ». C’est encore ce qu’affirmait ce site web douteux d’investigation et d’opinion créé en décembre 2013 par le journaliste pas moins douteux, Nicolas Beau.
Pour donner plus de constance à ces informations erronées, la même source, visiblement dans le secret des dieux, indique doctement que le président tunisien « aurait été victime de troubles cardiaques causés par les lourds traitements qu’il suit pour soigner des troubles sévères et récurrents de l’humeur ».
A vrai dire, les téléspectateurs qui ont suivi de visu hier soir les activités, la prestation et l’assurance du Président à Carthage ont-ils eu l’impression qu’il venait d’être hospitalisé pendant cinq jours dans un service de soins intensifs? Risible.