La communication a pris de plus en plus d’importance, onze ans après la révolution. C’est en effet un aspect positif, car communiquer se présente comme un élément potentiel de la démocratie. De plus, force est de constater qu’à l’ère de la communication digitale et des réseaux sociaux, le visible devient le seul réel. Alors, que suggère la rencontre entre le président de la République Kaïs Saïed et Ferid Belhaj, le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient.
Amel Adouani, experte en communication, souligne qu’à première vue, la posture adoptée par M. Ferid Belhaj en dit long… En effet, c’est une position des mains dont les politiciens tunisiens n’ont pas l’habitude. Ainsi, elle déclare: « Ferid Belhaj se tenait face au Président de la République les mains derrière le dos. Cela nous rappelle d’abord les directeurs d’école et l’enseignant au sein du département. »
Et de poursuivre: « Or, une telle approche marque une touche de respect, de révérence et d’appréciation. Si la personne met les mains derrière le dos, sachez qu’elle a une bonne confiance en elle, c’est donc un geste de confiance. Ainsi qu’une capacité à contrôler le cours des événements, en politique, dans le monde de la finance et des affaires. De même que la capacité à gérer des dossiers et à contrôler leur cours et devenir, c’est un geste de contrôle. »
Sur le plan du contenu
Cela dit, indépendamment de l’analyse de la posture de la communication, il est important de revoir le contenu de la rencontre. Et ce, notamment à travers les déclarations du président de la République Kaïs Saïed.
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, revient sur ses différentes déclarations. En mettant surtout l’accent sur le sujet de la vérification du sort des nombreux dons et prêts accordés à la Tunisie depuis 2011 et leur restitution au peuple. Ce qui excite l’imagination de ceux qui croient que la fortune de la Tunisie a été volée par des brigands. Et qu’il suffit de les attraper pour restituer au peuple cette manne.
Il précise à cet égard: « Cette campagne aux relents populistes et même simplistes pour certains, risque de s’avérer aussi productive que la campagne d’un certain mouvement politique. Lequel avait fondé sa campagne électorale en 2019 sur la restitution des revenus des hydrocarbures et du sel. Puis, après avoir obtenu un nombre consistant de sièges au parlement, n’a pas restitué un seul baril de pétrole ou un kilogramme de sel. »
Le populisme prédominant dans le discours politique
Selon lui, le populisme, prédominant dans le discours politique post-révolution, fait assumer à toute la classe politique tunisienne, des islamistes, à la droite libérale et autre jusqu’à la gauche, ainsi qu’aux syndicats….. la responsabilité de ce détournement des dons et prêts étrangers vers le pouvoir d’achat immédiat qui s’est avéré être une grande mystification. Car cette pratique n’a fait qu’exacerber l’inflation et grever la capacité de l’Etat et du secteur privé à créer de la richesse et de l’emploi.
Et de conclure: « Le temps est venu de cesser de courir derrière les moulins à vent. Et d’adopter le discours de la vérité, de la prise de conscience de la mauvaise gestion du Trésor public. Ainsi que de la nécessité des sacrifices et du rétablissement des valeurs de travail, d’abnégation et de bien commun. »