L’Association de l’Education Environnementale pour les Futures Générations (AEEFG) a appelé le gouvernement tunisien à retirer immédiatement, le talc en poudre pour bébé « Baby powder » de la marque « Johson and Johson (J&J) ». Elle rappelle que c’est un produit déjà retiré du marché dans le pays d’origine et au Canada.
Elle appelle, aussi, à mettre fin à la vente de tous produits, dont la composition contient du talc cancérigène. Surtout en absence de preuve d’analyses confirmant l’innocuité de ces produits de l’amiante selon les consignes de l’OMS.
En Tunisie, le talc de cette marque est présent sur les étalages des grandes surfaces. Le gouvernement tunisien via ses autorités compétentes a le devoir de protéger la santé des citoyens. Et des personnes vulnérables dont les bébés et les enfants Ainsi que les femmes qui utilisent les produits cosmétiques, contenant la poudre de talc qui peut être contaminée par l’amiante. Et ce, en prenant toutes les mesures nécessaires à l’interdiction de l’entrée de tous produits bannis dans les pays d’origine. C’est ce qu’indique Semia Gharbi, Coordinateur Hub régional IPEN-MENA/ North Africa (International Polluants Elimination Network). Elle est également enseignante-consultante en sciences et gestion de l’environnement.
D’ailleurs, le Centre international de recherches sur le cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé a classé le talc contenant de l’amiante comme « cancérigène pour l’homme ».
En effet, dans les gisements exploités, le talc coexiste avec divers minéraux parmi lesquelles on peut trouver de l’amiante. Puisque certains talcs peuvent contenir des amphiboles dont la trémolite, possiblement sous la morphologie asbestiforme (amiante) et non asbestiforme (fragments de clivage), il est important d’en connaître la provenance et la composition. Et ce, afin de mettre en place des stratégies de surveillance de l’exposition et des moyens de prévention adéquats pour les travailleurs et autres utilisateurs. (httpss://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-724.pdf).
« De plus, nous notons sur les emballages des poudres de talc pour bébé qu’il peut nuire aux nourrissons s’il est inhalé »
Le talc peut, suivant les gisements dont il est extrait, avoir des conséquences sanitaires gravissimes, prévient encore Semia Gharbi. Sachant qu’il entre dans la composition d’un grand nombre de produits cosmétiques. Tels que: les anti-transpirants; les poudres de maquillage; les produits d’hygiène féminine; ou encore les soins pour bébé.
En effet, tous les produits cosmétiques à base de talc contaminé par de l’amiante doivent être retirés et interdits de vente. Car lors de l’extraction du talc des mines, l’amiante se trouve à proximité des dépôts de talc sous terre et le contamine. Ainsi, justifie l’association à vocation environnementale. D’ailleurs, plusieurs fabricants dans le monde ont remplacé la poudre de talc par de l’amidon de maïs et de la poudre de riz.
La Tunisie ne devrait pas être un pays stockeur de produits obsolètes
Pour l’association, la Tunisie ne devrait pas être un pays stockeur de produits obsolètes venant d’outre mer. Le gouvernement, via ses autorités compétentes, doit donc s’engager fermement, dans la lutte contre l’influence corrosive des produits étrangers. Il doit aussi redynamiser son système de surveillance. Et ce, pour alerter les services et les autorités nationales sur les décisions d’interdiction des produits internationaux. Pour éviter toutes corruptions intentionnelles ou non intentionnelles qui impactent la santé humaine et l’environnement. C’est ce qu’argumente la même source.
Un contrôle renforcé de la composition des talcs importés, ainsi qu’une cartographie précise des gisements est une obligation de l’Etat. Afin d’assurer la traçabilité des produits à base de talc. Et ce, depuis leur extraction jusqu’à leur commercialisation; de façon, à pouvoir identifier ceux qui sont à risque.
4000 tonnes de stéatite et talc importées en 2019
La Tunisie a importé environ 4000 tonnes de stéatite et talc (INS, 2019). Ils proviennent de différents pays pour différents domaines d’applications. Telles que la cosmétique, la pharmacologie, la peinture, le plastic, la papeterie, la céramique; ainsi que des agents lubrifiants dans l’industrie des engrais, l’alimentation animale et humaine. C’est ce qu’affirme l’association.
L’association dénonce, par ailleurs, les doubles standards. Il s’agit de doubles standards appliqués par certaines sociétés étrangères qui continuent d’exporter des produits interdits dans leurs pays d’origine. De même que dans plusieurs pays développés comme l’Europe.
Le talc en poudre de J&J interdit aux USA et au Canada
Depuis le 19 mai 2020, le géant américain de la cosmétique Johnson and Johnson (J&J) avait annoncé qu’il mettrait fin à la vente de sa poudre de talc pour bébé aux États-Unis et au Canada. Et ce, après que des milliers de femmes ayant utilisé le produit aient développé un cancer de l’ovaire et aient engagé des poursuites contre la société.
Le 23 juin 2020, une Cour d’appel américaine a confirmé un jugement de 2,1 milliards de dollars US contre J&J pour la poudre de talc ayant causé le cancer des ovaires chez 22 femmes – dont la moitié était déjà décédée. En mars 2020, J&J avait 19400 réclamations en cours liées à ce talc en poudre et une analyse récente de la FDA [l’autorité sanitaire fédérale, ndlr] révélait la présence d’amiante dans un lot de talc “Johnson’s Baby Powder”. La société a continué à vendre, cependant, ce produit dans d’autres pays. Et ce, malgré les préoccupations en matière de sécurité soulevées aux États-Unis et au Canada.
De nombreuses poursuites judiciaires contre la société
J&J a fait face à un grand nombre de poursuites judiciaires qui accusent l’entreprise de cacher des risques de cancer dans ses produits à base de talc. Et “des jurys des États-Unis d’Amérique ont infligé à l’entreprise des milliards de dollars de dommages et intérêts réels et punitifs pour sa manipulation du produit”.
Des documents internes de l’entreprise montrent que J&J était au courant de la contamination par l’amiante dans sa poudre de talc depuis des décennies, mais a continué à vendre le produit dans le monde entier. J&J a également, développé une stratégie pour saper les preuves scientifiques montrant que les mineurs de talc présentaient des taux élevés de maladies pulmonaires et de cancer.
Une Cour d’appel américaine a statué
La Cour a indiqué que J&J et une société affiliée avaient dissimulé pendant des décennies que les produits à base de talc contenaient de l’amiante, et avaient “travaillé sans relâche” pour s’assurer que les protocoles de test ne détecteraient pas l’amiante dans tous les échantillons de talc. Tout en avaient publiant des articles minimisant les dangers du talc pour la sécurité.
La Cour a déclaré que “les plaignants ont prouvé avec une clarté convaincante que les défendeurs [J&J] se sont engagés dans une conduite scandaleuse. Et ce, en raison d’un motif malveillant ou d’une indifférence téméraire”. Et que “la conduite des défendeurs était largement répréhensible”.
Avec TAP