La Tunisie a fait des avancées notables sur le plan des libertés politiques mais tergiverse encore en matière socio-économique, soutient l’économiste et chercheur Aram Belhadj, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, à l’occasion du septième anniversaire de la révolution tunisienne.

Quant au bilan, il est loin d’être positif: «La conséquence est bien connue, un bilan alarmant, avec des déséquilibres macroéconomiques patents et des réformes structurelles encore en gestation. En effet, outre le chômage (surtout des diplômés de l’enseignement supérieur), l’exclusion, le citoyen continue de supporter le fardeau de la cherté de la vie, de la dépréciation continue du dinar et de la prolifération de la corruption», explique-t-il.
Ce bilan montre à quel point «le politique» a fragilisé «l’économique», regrette Aram Belhadj. «L’absence d’une vision, la défaillance de la gouvernance et l’inefficacité des politiques économiques résument l’incapacité d’une classe politique figée qui ne fait preuve d’aucune audace, ni de perspicacité et encore moins d’efficacité», déclare-t-il.
«Sur le plan politique, plusieurs gouvernements se sont succédé depuis 2011, non pas sur la base d’un programme socio-économique clair, réaliste et détaillé, mais plutôt suite à des tactiques politiques partisanes mal programmées. Toutes les équipes gouvernementales, y compris l’actuelle, étaient en effet très hétérogènes, n’ayant pas de vision, ni de projet pour la société tunisienne», rappelle-t-il. Raison pour laquelle «chaque membre ne partageait pas les mêmes valeurs, ni les mêmes paradigmes et nous nous sommes retrouvés à chaque fois face à des magouilles politiciennes irresponsables», continue-t-il.
Notre invité considère que «les politiques économiques menées ces dernières années n’étaient ni cohérentes, ni efficaces. Manifestement, les politiques monétaire, budgétaire et de change n’ont pas été bien conçues et adaptées au contexte de transition démocratique vécu».
Afin d’illustrer son idée, il indique que «le budget de l’Etat a été multiplié par deux, alors que la croissance a été plutôt divisée par deux, les taux d’intérêt ont atteint des niveaux élevés, alors que l’inflation n’a cessé d’augmenter et, enfin, le taux de change a perdu presque 60% de sa valeur».
Il ajoute: «Nous avons beaucoup entendu parler des réformes structurelles, fonction publique, système financier, caisses de sécurité sociale, entreprises publiques, fiscalité, caisse de compensation, etc, mais malheureusement, l’attente s’éternise dans une économie en perte de vitesse comme la nôtre.»
«Les parties prenantes, notamment les partis politiques, l’ARP, les groupes de pression et les syndicats continuent de se tirailler et pinailler sur le moindre détail, provoquant blocages et incertitudes et alimentant le statu quo», conclut-il.