Plus de six ans après la chute de Kadhafi, la Libye s’enfonce un peu plus vers le chaos. Le pays demeure infesté par des organisations terroristes comme Daech et par des milices armées. La situation sécuritaire et politique est toutefois restée précaire même si le maréchal Khalifa Haftar a gagné du terrain en Libye, il n’en reste pas moins que la lutte contre le terrorisme se poursuit.
Quel regard porte la Tunisie sur la Libye ? C’est en partie l’un des points qui sera probablement discuté entre le président de la République Béji Caïd Essebsi et le maréchal libyen Haftar lors de sa visite à Tunis. Que peut-on espérer de cette visite ?
Bassel Torjeman, expert en terrorisme dans le Grand Maghreb, a fait savoir que le but de cette rencontre est de renouer les relations entre la Tunisie et le Maréchal Haftar, « si ce n’est que de la renforcer davantage », a-t-il souligné. Il ajoute: « La Tunisie d’aujourd’hui a la possibilité d’encourager les parties libyennes à l’issue de l’initiative tripartite (tunisienne-algérienne-égyptienne), après son adoption par les trois pays le 20 février 2017. »
Et de poursuivre : « La stratégie de la Tunisie montre une nouvelle vision, celle de nouer de nouvelles relations avec de nouveaux acteurs, à savoir le maréchal Haftar. De ce fait, la rencontre d’aujourd’hui aura un impact positif afin de rétablir la stabilité de la région. Tout comme ce sera un indicateur positif pour accélérer le processus de paix ».
Par ailleurs, Riadh Sidaoui, politologue et directeur du Centre Arabe de Recherche et d’Analyse politique (CARAPS) livre son analyse sur le sujet. Il a déclaré: « La Libye étant un pays déchiré entre les zones d’influence, entre le gouvernement de Tobrouk, situé à l’Est du pays, élu démocratiquement en juin 2014, d’une part le gouvernement d’union nationale libyen par Faiez el Sarraj, soutenu par la communauté internationale et d’autre part, le maréchal Haftar qui gagne du terrain et qui est soutenu par la Russie et l’Egypte ».
Selon lui, les pays voisins comme la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie tentent d’agir pour une solution politique globale de la crise libyenne dans le cadre de la légalité internationale. Et de poursuivre: « Rappelons également que les ennemis de Haftar sont les frères musulmans ».
Pour ce qui est du cas de la Tunisie, il a conclu : « Le Président de la République, Béji Caïd Essebsi, s’est montré neutre, or accueillir Haftar signifie un seul fait celui de le soutenir, indépendamment de la conjoncture politique qui est en train de changer à l’international. Il en est de même pour le président américain Donald Trump, dont tout le monde sait qu’il n’aime pas les frères musulmans à savoir Fajr Libya, qui pour rappel n’est autre que le projet d’Obama et d’Hilary Clinton, qui à un moment donné, ils ont misé sur l’islam politique« .
A l’issue de cette rencontre avec le Président de la République, le maréchal Haftar a annoncé : « Cette rencontre a pour but de renforcer l’amitié entre les deux pays car la Libye se trouve attaquée par des terroristes. Cela dit, nous avons une armée forte tout comme nous sommes convaincus de notre réussite contre le terrorisme qui prendra fin pour très bientôt ».