Commandé par l’ONG, Konrad-Adenauer – Stiftung (KAS) et réalisé par Sigma Conseil, « Religion et politique en Afrique du Nord » est un sondage qui donne un éclairage sur la perception d’un certain nombre de phénomènes liés à la politique et à la religion par les habitants des pays de l’Afrique du Nord.
Afin de mener à bien le sondage, un échantillon de 100 personnes a été utilisé pour chaque pays dans les pays suivants : Algérie, Egypte, Tunisie, Libye et Maroc. Des entretiens téléphoniques assistés par ordinateur ont été le moyen utilisé pour le sondage en question.
Ce sondage s’est focalisé sur trois problématiques majeures : la relation des citoyens à l’Islam et l’Islam politique, les citoyens et la notion d’extrémisme religieux et la perception des citoyens de l’Etat Islamique. Voici, en substance, les chiffres relatifs à ce sondage.
L’identité religieuse prend le dessus sur l’identité nationale
A la question : « Personnellement, en tant que citoyen vous estimez-vous plutôt Arabe/Africain/ Méditerranéen/Berbère/Musulman/Chrétien/Juif/Kabyle». 53% des Tunisiens ont répondu Tunisien, 37,6% Musulman, contre 6,8% Arabe. Quant à l’Algérie 58,5% se définissent comme Musulman, 30% Algériens et 6,6% Arabes.
Selon le même sondage, 52,8% des Marocains se sentent musulmans, 35,0% marocains et 7,4% arabes. En ce qui concerne la Libye, 63,2% se sentent musulmans, 21,6% libyens et 12,0% arabes.
A la lecture de ces chiffres, il ressort que pour les pays précités (Libye, Maroc, Algérie) la religion prend le dessus sur l’identité. Ce constat s’affirme avec les réponses à la question : « Pensez-vous que votre identité nationale soit plus importante que votre identité religieuse? » 48,1% des Tunisiens affirment que l’identité religieuse est plus importante que l’identité nationale. Par contre, pour le Maroc, 71% des Marocains estiment que l’identité religieuse est plus importante que l’identité nationale, 79,6% des Algériens estiment que l’identité religieuse est plus importante que l’identité nationale et 85,6% des Libyens estiment que l’identité religieuse est plus importante que l’identité nationale.
41,2% des Tunisiens affirment que l’identité nationale est plus importante que l’identité religieuse.
« L’Islam est-il important dans votre vie? »
Les réponses des personnes sondées dans les quatre pays ont varié entre important et très important. Les résultats se répartissent comme suit :
Tunisie : 74,4% ont répondu « Très important » et 23,3 % ont répondu par « Plutôt important » soit 97,8% qui affirment l’importance de la religion dans la vie de l’individu.
Le Maroc, 90,1% ont répondu « Très important » et 8,7% ont répondu par « Plutôt important ». En ce qui concerne les Algériens, 94% ont répondu « Très important » contre 5,8% qui ont répondu par « Plutôt important ». Pour ce qui est des Libyens, 95,8% ont répondu « Très important » contre 4,4% « Plutôt important ».
Et pour ce qui est de la compréhension des préceptes de l’Islam
Pour le cas de la Tunisie, 87% des sondés ont répondu soit par un moyen degré ou fort degré. Quant au Maroc, 91% ont répondu soit par un fort degré ou moyen degré. Pour l’Algérie 92% ont répondu par un fort degré ou moyen degré et pour la Libye 95,2% ont répondu par moyen degré ou fort degré.
Quid des habits religieux?
Les réponses ont bel et bien été différentes d’un pays à un autre. Pour le cas de l’Algérie, 94,5% des sondés sont en faveur du voile, dont 34% qui souhaitent le voile intégral et 59,5% le Kamis.
Pour le cas de la Libye, 89,9% des sondés soutiennent le voile dont 44,6% le voile intégral et 73,8% le Kamis. En ce qui concerne le cas du Maroc, 83,9% des sondés soutiennent le voile dont 28,2% le voile intégral et 63,2% le Kamis. Pour le cas de la Tunisie, 60,1% des sondés soutiennent le voile dont 4,0% le voile intégral et 20,9% le Kamis.
Quelle perception pour l’Islam politique?
A la question : « Seriez-vous pour ou contre la séparation entre la religion et la politique? », la majorité des sondés s’est prononcée pour la séparation entre la religion et la politique : Tunisie 72,8%, la Libye 63,1%, l’Algérie 57,4% et le Maroc 54,8%. Cependant quand il s’agit de recourir à la Chariaa comme unique source de législation, à l’exception de la Tunisie, les autres pays affichent un accord considérable pour cette idée : Libye 78,7%, Algérie 62,9%, Maroc 54% et la Tunisie 23,4%.
A une question qui porte sur l’intervention des imams dans la sphère politique, les réponses des sondés ont montré que 53,6% des Marocains approuvent cette intervention, 44,6% des Algériens l’approuvent également, contre 32,3% des Libyens et seulement 20,4% pour la Tunisie.
Cependant, l’étude indique que l’impact de l’Islam sur la vie politique est très contrasté selon le pays concerné : 61,3% des sondés marocains et 44,3% des sondés algériens estiment que l’impact est positif. Quant aux Libyens, 35,3% d’entre eux estiment que l’impact est positif et quant au cas de la Tunisie, il s’agit de 17,1%.
En cas d’offense aux croyances religieuses, qui devrait intervenir? Les réponses à cette question ont montré bel et bien que la majorité des sondés dans les différents pays estime que c’est le rôle de l’Etat d’intervenir en premier lieu et aux citoyens en second lieu. Pour le cas de la Tunisie : 68,2% estiment que l’Etat doit agir en premier lieu. Concernant l’Algérie, 46,4% estiment que l’Etat doit agir en premier lieu, contre 58,2% pour le Maroc et 42,7% pour la Libye.
A mille et une perceptions de la religion, a mille et une confusions sur sa propre identité.