La santé n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité, il s’agit d’un état de bien-être physique et psychique et de ce fait, elle comprend aussi la notion de bonne santé mentale. Afin de rappeler l’importance de la place de la santé mentale dans la vie de chacun, une journée est consacrée à ce thème tous les 10 octobre de chaque année. Quand certaines maladies telles que la dépression, l’anxiété ou l’addiction commencent à peine à être acceptées dans nos sociétés, d’autres troubles mentaux lourds, comme la schizophrénie, plus difficile à gérer par le patient et l’entourage, demeurent jusqu’à présent tabous, suscitant à la fois compassion et rejet de la société.
Afin de faire la lumière sur cette maladie, la Journée mondiale de la santé mentale sera célébrée sur le thème : « Vivre avec la schizophrénie ». Ce terme formé des racines grecques « schizo » signifiant « diviser » et « phrên » pour « esprit », prête souvent à confusion et est souvent utilisé à tort pour désigner le phénomène de personnalités multiples, une entité et son contraire. Pourtant ce terme reflète bien la complexité de la maladie, qui va au-delà d’un simple « problème de personnalité ». La schizophrénie est un trouble mental qui ramène à la notion de morcellement de la pensée, regroupant à la fois une pensée dissociée, un manque de synchronisation, voire une discordance des fonctions psychiques.
Dans nos sociétés, les idées restent figées et se résument à quelques préjugés difficiles à déloger de nos esprits : le schizophrène est un « fou » qui n’a aucune chance de s’en sortir et n’a aucune perspective d’avenir devant lui. Pourtant avec les progrès de la médecine depuis les années 50, cette maladie qui semblait auparavant sans espoir, peut être traitée permettant au patient de gagner en autonomie et de réduire les symptômes les plus gênants socialement. De ce fait, l’individu atteint de schizophrénie, n’est plus condamné comme autrefois à l’isolement, il est en contact avec une société qui ne le bannit plus mais qui continue cependant à le stigmatiser.
Le schizophrène doit non seulement vivre avec sa maladie, mais aussi avec le regard des autres souvent remplit d’incompréhension. Les études traitant du sujet s’accordent sur le fait que pour la population générale les notions de « dangerosité, d’imprévisibilité, d’irresponsabilité », sont celles qui viennent à l’esprit en premier lorsque l’on évoque cette maladie.
Qui sont ceux qui vivent avec la schizophrénie? Il s’agit essentiellement des patients eux-mêmes. L’expérience est une douleur intense, de longue durée et souvent insupportable, couplée d’une perception d’isolement social produit par les préjugés et la discrimination.
Pourtant, les parents (les aidants) vivent aussi avec la schizophrénie, de même que les professionnels de santé et la société dans son ensemble. Tous ces groupes partagent l’expérience des malades et, en fonction de leur degré d’empathie et de solidarité, peuvent être d’une grande aide.
Mais comment les aider alors ? Peut-être en les laissant simplement faire leurs preuves. En effet, l’obtention d’un emploi est une demande particulièrement fréquente des patients atteints de schizophrénie, car en effet, décrocher un travail et surtout le garder, procure un sentiment de responsabilité et de réalisation personnelle contribuant de ce fait à leur rémission. Or seuls 10 à 20 % des personnes souffrant de cette pathologie ont un emploi. Les difficultés d’insertion professionnelle s’expliquent par l’invalidité due à la maladie d’une part, le regard social et la peur des entreprises d’embaucher, d’ autre part. Ainsi, l’absence d’accès à l’emploi ne fait qu’alourdir le coût financier et social de la maladie.
Le cercle vicieux de l’exclusion est bien fermé. Seuls de vrais efforts de compréhension, d’information et un engagement réel de tous les acteurs de la société pourraient y changer quelque chose, en commençant peut-être à agir sur nos propres incohérences.