Une installation photovoltaïque de 100 mégawatts débute ses opérations dans le gouvernorat de Kairouan.
La cérémonie de mise en service de la centrale solaire de Metbassta-Sbikha, première infrastructure énergétique du pays à fonctionner selon le régime de concession s’est tenue le 16 décembre 2025. L’équipement délivrera une puissance de 100 mégawatts au réseau national.
L’infrastructure occupe une superficie de 200 hectares et intègre 221 000 modules photovoltaïques. Sa production annuelle couvrira les besoins électriques de 43 000 ménages. Les émissions carbonées diminueront de 117 000 tonnes métriques par an. Le montage financier totalise 250 millions de dinars. La Banque africaine de développement a injecté 73 millions de dinars dans l’opération, complétés par des lignes de crédit du Groupe de la Banque mondiale. L’entreprise émiratie Amea Power pilote le développement et l’exploitation du site.
Sur le plan macroéconomique, l’installation génère des économies annuelles de 22 millions de dollars sur les achats de gaz naturel, soit une contraction de 2,3 % des volumes importés. La Société tunisienne de l’électricité et du gaz réduira ses dépenses en combustibles fossiles de 15 millions de dollars chaque année. Dès le démarrage, 50 millions de dinars seront retranchés des coûts de production électrique conventionnelle.
Le projet représente 0,5 % de la consommation nationale en énergie primaire pour l’exercice 2024. Il constitue le premier volet d’un programme quinquennal totalisant 500 mégawatts répartis dans cinq gouvernorats. L’appel d’offres initial date de décembre 2019, avec une ratification législative intervenue via le décret n° 19 du 22 décembre 2021.
Fatma Thabet Chiboub, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a détaillé les retombées stratégiques lors de l’inauguration : résorption du déficit énergétique, sécurisation des approvisionnements, allègement des subventions publiques et amélioration de la santé financière de la STEG. L’exploitation permanente mobilise 40 salariés. La ministre a souligné que cette première réalisation établit un cadre administratif reproductible pour accélérer les projets ultérieurs.
La phase de construction s’est étalée sur 18 mois avec un effectif dépassant 800 personnes. Plus de la moitié provenaient du gouvernorat de Kairouan et ont reçu des formations spécialisées en maintenance et installation photovoltaïques. Hussain Al Nowais, président d’Amea Power, a précisé que 60 % des employés résident dans les localités adjacentes. Des entreprises tunisiennes ont participé comme sous-traitants, développant ainsi des compétences dans le secteur des énergies renouvelables.
Maline Blomberg, directrice générale adjointe pour l’Afrique du Nord à la BAD, a caractérisé le projet comme une convergence réussie entre autorités publiques, investisseurs privés et institutions financières. Elle a réaffirmé l’engagement de la Banque à soutenir les infrastructures énergétiques résilientes et le développement régional équilibré en Tunisie.
Faycel Trifa, directeur général de la STEG, a qualifié l’initiative de stratégique dans l’accélération de la transition énergétique nationale. L’entreprise publique a assuré l’assistance technique et le raccordement au réseau électrique, garantissant la stabilité du système.
Le dispositif s’inscrit dans le Plan stratégique national de maîtrise de l’énergie 2035, qui fixe deux objectifs : diminuer la demande énergétique de 37 % et porter à 50 % la part des renouvelables dans la production électrique.
Hussain Al Nowais a indiqué que Metbassta-Sbikha représente la plus grande centrale solaire intégralement développée en Tunisie. Amea Power déploie actuellement des activités dans plus de vingt pays, avec une expansion récente en Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, Azerbaïdjan). En Égypte, le groupe exploite la centrale de Benban à Assouan (500 MW avec 300 MW de stockage), actuellement étendue de 1 000 MW supplémentaires achevés en mai 2024, ainsi que le parc éolien de Ras Ghareb (500 MW en cours d’extension de 1 000 MW). Le portefeuille égyptien atteint 2 500 mégawatts.
Pour adresser les problématiques hydriques africaines, Amea Power s’est associée à Cox pour développer des unités de dessalement au Togo et en Angola. Des projets similaires sont envisagés en Tunisie. Al Nowais a exprimé l’intention d’accroître les investissements dans le pays.