L’ingénierie sociale s’impose aujourd’hui comme l’un des moyens d’influence les plus puissants et les plus discrets, selon l’Organisation tunisienne pour l’information du consommateur ( OTIC). Dans un communiqué, l’OTIC met en garde contre l’évolution rapide de ces techniques qui s’appuient sur la psychologie, la collecte massive de données et l’intelligence artificielle pour orienter les comportements individuels et façonner artificiellement l’opinion publique.
L’organisation souligne que ces pratiques, héritées des méthodes de propagande du XXe siècle, ont atteint une maturité inédite dans l’environnement numérique. Elles exploitent les vulnérabilités personnelles pour remodeler la perception collective et créer des besoins de consommation qui ne correspondent pas à la réalité du marché.
Selon l’OTIC, des campagnes orchestrées circulent sur les réseaux sociaux pour simuler des crises alimentaires à travers des images ou vidéos suggérant une pénurie ou une hausse fictive des prix. Ces contenus encouragent les achats compulsifs et le stockage excessif, entraînant des perturbations réelles dans les circuits de distribution et une inflation artificielle. L’objectif de ces opérations ne serait pas la protection du consommateur mais la création d’un climat de confusion et de défiance favorable aux spéculateurs.
L’organisation relève également des tentatives de discréditer les institutions publiques par la diffusion d’informations non vérifiées, notamment lors de la mise en œuvre des mesures de réduction des prix de la viande rouge. Malgré la baisse observée sur le terrain, des contenus numériques ont circulé pour la nier et installer un sentiment de blocage, ce qui, selon l’OTIC, visait à entraver toute dynamique de réforme.
Cette manipulation s’étend aussi au domaine de la consommation où certains messages valorisent systématiquement les produits étrangers au détriment de l’industrie nationale. En façonnant psychologiquement la préférence pour l’importé, ces mécanismes affaiblissent l’économie locale et transforment le consommateur en maillon d’un système d’influence contraire à l’intérêt national. L’OTIC avertit par ailleurs contre l’exploitation des données personnelles pour adresser à chaque utilisateur un contenu calibré sur ses peurs et ses faiblesses, donnant l’illusion de choix individuels alors qu’ils seraient guidés par des algorithmes.
L’organisation signale en outre des risques accrus pour les jeunes exposés à des contenus ou productions dramatiques normalisant des comportements déviants présentés comme signes de réussite ou de liberté. Elle estime que cette exposition contribue à l’érosion progressive du cadre culturel et social national au profit de modèles étrangers dictés par l’industrie mondiale du divertissement.
Face à ces constats, l’OTIC appelle à un renforcement global de la protection du consommateur. Elle recommande à l’État l’adoption d’une législation dédiée à la lutte contre la désinformation et l’ingénierie sociale numérique, la création d’un observatoire national chargé du suivi de ces phénomènes, la transparence obligatoire dans les contenus sponsorisés ainsi que l’intégration de l’éducation aux médias et au numérique dès le collège.
L’organisation annonce par ailleurs son intention de lancer une plateforme nationale de signalement des contenus trompeurs, de coordonner la vigilance numérique avec les médias et de conduire des campagnes d’information continues en faveur de la confiance dans le produit tunisien et de la consommation responsable. Elle invite les citoyens à vérifier toute information avant de la partager, à protéger leurs données personnelles et à privilégier, en connaissance de cause, les produits nationaux.
Pour l’OTIC, l’enjeu dépasse désormais le cadre économique. Il s’agit d’une bataille pour la souveraineté cognitive et pour la préservation de la stabilité sociale. L’organisation estime que la première ligne de défense de la Tunisie demeure un consommateur conscient, capable de reconnaître les mécanismes de manipulation et de résister aux formes de désinformation qui tentent de peser sur ses choix.