Lors de la 16ᵉ Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED 16), le mouvement paysan international dénommé “La Via Campesina“ a appelé à la mise en place d’un nouveau cadre commercial mondial fondé sur les principes de la souveraineté alimentaire.
Intervenant le 23 octobre 2025 à Genève, au sein d’une session ouverte aux mouvements sociaux et à la société civile, Pierre Mason, représentant de La Via Campesina, a exhorté les États membres à réorienter le commerce international vers le développement humain, la justice sociale et la durabilité environnementale, indique le mouvement dans communiqué.
« Le commerce ne doit plus viser la seule maximisation de la valeur d’échange, mais garantir le droit à l’alimentation et la souveraineté des peuples », a-t-il déclaré.
Un plaidoyer pour refonder les règles du commerce mondial
La Via Campesina affirme que « le modèle de libéralisation dominant a aggravé les inégalités et fragilisé les paysans et petits producteurs, en limitant la capacité des gouvernements à soutenir leurs agricultures locales ». Dans ce contexte, le mouvement propose de replacer la CNUCED au cœur des discussions sur la gouvernance économique mondiale, estimant que son mandat historique, à savoir « promouvoir un développement équitable », en fait « le forum légitime pour repenser les normes commerciales ».
Ce plaidoyer s’inscrit dans la continuité du Nouvel ordre économique international (NOEI), élaboré par la CNUCED dans les années 1970, qui visait à faire du commerce un instrument de développement plutôt qu’un outil de domination. « Cependant, rappelle La Via Campesina, cette vision a été affaiblie par les politiques d’ajustement structurel et les réformes néolibérales imposées aux pays du Sud dans les décennies suivantes ».
Un appel à l’action dans un contexte de crise mondiale
Face à l’impasse actuelle du système commercial multilatéral, notamment au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le mouvement estime que la « CNUCED doit redevenir un espace de renouveau du multilatéralisme ».
Pour ce faire, La Via Campesina propose sept axes pour réformer les règles du commerce international :
- Ancrer les échanges dans les droits humains, notamment les droits des paysans, des peuples autochtones et les droits économiques, sociaux et culturels.
- Reconnaître le droit des pays à définir leurs politiques alimentaires et agricoles, en lien avec la FAO, le CSA et le FIDA.
- Favoriser les chaînes d’approvisionnement régionales afin de renforcer la production locale et stabiliser les marchés.
- Soutenir les petits producteurs par des prix justes, des revenus garantis et une transparence accrue.
- Interdire le dumping, les subventions à l’exportation et la spéculation sur les denrées alimentaires.
- Réduire la dépendance aux monnaies dominantes et rejeter les dettes et sanctions unilatérales.
- Empêcher l’accaparement des terres et des ressources naturelles, en garantissant un contrôle collectif par les communautés locales.
Pour un commerce au service des peuples et de la planète
« L’alimentation n’est pas une marchandise comme les autres, mais un droit humain fondamental », a rappelé Pierre Mason, soulignant l’urgence de réformer les règles du commerce international pour protéger les producteurs, les écosystèmes et le droit à l’alimentation pour tous.
In fine, La Via Campesina plaide pour que « la CNUCED assume pleinement son rôle historique pour refonder un système commercial plus juste, au service de la souveraineté alimentaire mondiale et de la survie de la planète ».