Alors que l’économie mondiale cherche encore à quantifier l’impact des droits de douane américains, Donald Trump est passé à une seconde phase de son plan.
Le président américain, Donald Trump, envisagerait de redistribuer une partie des recettes issues des droits de douane aux citoyens. Chacun recevrait entre 1 000 et 2 000 dollars. L’initiative vise à renforcer le soutien populaire à ses politiques, d’une part, et à stimuler la consommation, d’autre part. Le shutdown actuel est en train de causer des pertes colossales à l’économie, estimées à 15 milliards de dollars par semaine de fermeture.
Les recettes douanières serviraient également à une autre vocation : un plan de sauvetage de 10 milliards de dollars au profit des agriculteurs. Le secteur fait face à des pressions économiques.
Un jeu à somme nulle au mieux
Les États-Unis s’attendent à récolter plus de 50 milliards de dollars par mois en recettes issues de ces droits de douane. Ce chiffre, avancé par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, peut donner l’impression d’un triomphe budgétaire. Il s’agit de l’un des rares gouvernements dans le monde à pouvoir augmenter ses revenus sans relever les impôts.
Mais derrière ce chiffre impressionnant se cache une réalité économique bien plus complexe. En effet, les droits de douane ne sont pas de l’argent gratuit. Ce sont des taxes sur le commerce et leur coût se répercute dans l’ensemble de l’économie, pesant de manière disproportionnée sur les personnes mêmes qu’ils prétendent protéger.
In fine, les droits de douane ne sont pas supportés par les exportateurs étrangers ni par les grandes entreprises. Ils sont directement répercutés sur les consommateurs, sous la forme de hausses de prix.
Les analyses menées sur les droits de douane imposés durant le premier mandat de Trump (2017-2021) confirment cette réalité. Elles ont montré que le coût total des droits de douane à l’importation a été entièrement supporté par les consommateurs et les entreprises américaines, sans aucune baisse des prix pratiqués par les exportateurs étrangers.
Et si ce n’était qu’une illusion ?
L’illusion d’un gain pour les États-Unis grâce aux droits de douane repose sur l’hypothèse qu’il n’y aura pas de représailles de la part d’autres pays. Mais ce n’est pas le cas.
Les droits de douane peuvent effectivement réduire le déficit commercial américain et offrir un léger gain en matière de bien-être des consommateurs si les recettes générées permettent de diminuer les impôts sur le revenu. Mais il a été démontré que les mesures de rétorsion, en augmentant les prix de nombreux biens de consommation courante, annuleraient largement ces gains, rendant les ménages américains perdants finalement.
Les 1 000 ou 2 000 dollars envisagées ne combleraient qu’une partie de ces pertes.