L’accès au marché américain pourrait se détériorer davantage pour de nombreux pays africains si l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) n’est pas renouvelé avant son expiration le 30 septembre 2025. Ainsi s’inquiète la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Aux dernières nouvelles, ledit accord sera renouvelé… mais seulement une année de plus, pour le moment.
L’organisme onusien précise que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) est un programme américain de « préférences commerciales non réciproques » introduit en mai 2000 pour soutenir les économies d’Afrique subsaharienne. Dans ce cadre, il accorde un accès en franchise de droits au marché américain à plus de 1 800 produits provenant de nombreuses économies africaines du sud du Sahara.
Actuellement, 32 pays peuvent bénéficier d’un traitement préférentiel dans le cadre de l’AGOA, dont 21 « pays moins avancés » (PMA), tels que définis par les États-Unis. Les PMA qui bénéficient également d’un traitement préférentiel spécial pour les textiles et les vêtements.
La CNUCED rappelle qu’en 2023 la valeur des importations des Etats-Unis dans le cadre de l’AGOA s’est élevée à quelque 10 milliards de dollars. Il s’agit certes d’une petite fraction des importations totales de marchandises par les États-Unis; mais c’est important dans les exportations de certains pays éligibles, comme le Lesotho et Madagascar.
Les économies africaines et les États-Unis en ont tous bénéficié
Les préférences accordées dans le cadre de l’AGOA ont renforcé la compétitivité des exportateurs africains et ont joué un rôle important pour certains pays et secteurs, en particulier celui de l’habillement, souligne la CNUCED. « Cependant, tous les pays africains n’ont pas réussi à tirer parti de l’AGOA pour diversifier leurs exportations au-delà des produits de base. Et le taux d’utilisation des préférences de l’AGOA reste inégal entre les bénéficiaires et les produits », nuance l’organisation.
Ainsi, la plupart des importations américaines dans le cadre de l’AGOA étant constituées de combustibles, de métaux et de biens d’habillement, ajoute la même source, « les entreprises américaines ont bénéficié d’un choix plus large et de prix plus bas sur les matières premières et les produits intermédiaires importés. Ce qui renforce la compétitivité des industries en aval ».
Autre apport important de l’AGOA : « Le programme a également contribué à favoriser les investissements directs étrangers américains dans la région africaine, contribuant ainsi à la mise en place de chaînes d’approvisionnement plus résilientes ».
Quid de l’avenir de l’AGOA ?
Selon des experts, si le programme n’est pas renouvelé, « de nombreuses économies africaines perdront leur compétitivité à l’exportation sur le marché américain ». Grosse inquiétude en perspective.
« Depuis avril 2025, la hausse des droits de douane américains- en particulier les droits spécifiques à certains pays mis en œuvre le 7 août 2025 et les nouvelles mesures commerciales sectorielles- a entraîné une augmentation des droits de douane sur une large gamme de produits, indépendamment des préférences de l’AGOA ».
Par exemple, le Kenya verrait son droit de douane moyen pondéré par rapport aux États-Unis presque tripler, passant de 10 % à 28 %. Pour Madagascar, il doublerait pour atteindre 23 %.
Au total, « sans le renouvellement de l’AGOA, la compétitivité des exportations africaines sur le marché américain pourrait rapidement s’éroder. Et ce, à un moment où la concurrence pour les marchés d’exportation alternatifs s’intensifie à l’échelle mondiale. L’accélération de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine pourrait contribuer à atténuer cette situation. Mais un tel réajustement serait difficile et nécessiterait beaucoup de temps », alerte la CNUCED.
Mais en attendant, que les pays concernés se rassurent : cette nuit du 30 septembre, l’AGOA sera reconduit pour une une année, selon des sources de la Maison Blanche citées par RFI.