En appelant les Palestiniens à compter, d’abord, sur eux-mêmes, le premier président de la République Tunisienne, Habib Bourguiba, avait voulu leur montrer la voie du salut. Celle qui a conduit à la reconnaissance de l’Etat palestinien. Analyse.
Et si cette accélération de la reconnaissance de capitales mondiales, essentiellement européennes, d’un Etat palestinien était une consécration de la justesse de vue du premier président de la République Tunisienne, Habib Bourguiba ? Cela est vrai pour au moins une réalité. Celle qui consiste, pour les Palestiniens, à dire que Bourguiba a toujours plaidé pour qu’ils comptent, d’abord, sur eux-mêmes dans cette lutte pour recouvrer leurs droits.
Beaucoup parmi ceux qui ont eu connaissance du discours du premier président de la République à Ariha (notre photo), en Palestine, le 3 mars 1965, se souviennent des propos tenus avec courage devant les Palestiniens spoliés de leur terre par des colons israéliens. Des propos qui sont encore à méditer.
Habib Bourguiba, le 3 mars 1965 à Ariah en Palestine.
Les voici : « Il est toutefois un point sur lequel je voudrais attirer votre attention : vous êtes les titulaires d’un droit violé ; à ce titre, vous vous devez d’être à la première ligne du front ouvert pour la reconquête de la Palestine. Il est de mon devoir de vous entretenir en toute franchise d’un certain nombre de vérités que vous devez avoir présentes à l’esprit. D’abord, votre rôle dans la lutte est primordial. C’est ce que vous ne devez jamais perdre de vue ».
« Il est toutefois un point sur lequel je voudrais attirer votre attention : vous êtes les titulaires d’un droit violé ; à ce titre vous vous devez d’être à la première ligne du front ouvert pour la reconquête de la Palestine. Il est de mon devoir de vous entretenir en toute franchise d’un certain nombre de vérités que vous devez avoir présentes à l’esprit. D’abord votre rôle dans la lutte est primordial. C’est ce que vous ne devez jamais perdre de vue ».
Ainsi, force est de constater que les Palestiniens n’ont pu progresser dans leur combat pour leur libération nationale que grâce à ce compter-sur-soi conseillé par le président Bourguiba. Dès le début, et dès l’instant où les Palestiniens ont créé l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), en 1964, une lutte marquant la prise en charge par les Palestiniens de leur destin s’est engagée. Et chacun des combats entamés n’a fait que faire progresser la cause palestinienne. Avec pour étape, sans doute, cruciale les « Intifada », dont celle de décembre 1987, et la dernière guerre de Gaza. Et il faut incontestablement se situer dans le contexte de l’époque pour comprendre le sens de l’appel de Bourguiba. Longtemps des pays arabes ont cherché à lutter par « procuration », pour ainsi dire, pour libérer la Palestine. Évidemment des « initiatives » qui n’ont pas abouti, pour l’essentiel, à des succès. On voit du reste aujourd’hui que l’absence de réaction déterminante des Arabes a donné raison au premier président tunisien.
On peut deviner que cet appel de Bourguiba d’Ariha avait au moins deux objectifs : mobiliser les Palestiniens et permettre à la communauté internationale de mieux saisir les tenants et aboutissants de la lutte des descendants des Philistins. On sait, cela dit, que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le combat engagé par les Palestiniens a permis de découvrir du reste la vraie nature de l’Etat d’Israël et le comportement qui guide son action et l’idéologie qui habite ses dirigeants.
On peut deviner que cet appel de Bourguiba d’Ariha avait au moins deux objectifs : mobiliser les Palestiniens et permettre à la communauté internationale de mieux saisir les tenants et aboutissants de la lutte des descendants des Philistins. On sait, cela dit, que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le combat engagé par les Palestiniens a permis de découvrir la vraie nature de l’Etat d’Israël et le comportement qui guide son action et l’idéologie qui habite ses dirigeants.
Et à ce sujet, les faits et gestes des Israéliens ont permis de lever le voile, à l’occasion, sur ce que beaucoup de citoyens et même de dirigeants du monde ne pouvaient peut-être pas savoir ou avaient très vite oublié, sans doute « travaillés » qu’ils sont par une propagande israélienne ressassée à longueur d’années sur la vraie nature d’Israël. Comme ces « crédos » de « la seule démocratie du Moyen-Orient », de « l’armée la plus morale » ou encore de l’appartenance à la « civilisation judéo-chrétienne », du reste jugée par la journaliste tunisienne Sophie Bessis comme une « imposture » et expression d’une « islamophobie implicite » (Voir Sophie Bessis, « La Civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d’une imposture », Editeur : Les Liens Qui Libèrent, Paris, 2025, 124 pages).
« Les Palestiniens sont des bêtes »
Voici quelques déclarations de dirigeants israéliens ramassés par notre confrère Médiapart dans un article publié le 27 janvier 2011, donc avant la guerre de Gaza, sous le titre « Les sionistes avec leurs propres mots », et qui en disent long sur ce le génocide auquel nous assistons à Gaza. Nous en faisons figurer quatre en indiquant la source, du reste soulignée par notre confrère.
Première déclaration : « Nous ne savions pas ce qu’il fallait faire d’eux [les prisonniers de guerre égyptiens en 1956]. Il n’y avait pas d’autre choix que de les tuer » (L’ex Brigadier général israélien Arieh Biro. The New York Times, 21 août 1995).
Deuxième déclaration : « Nous utiliserons la force ultime jusqu’à ce que les Palestiniens viennent en rampant vers nous à quatre pattes » (Rafael Eitan, chef d’Etat-Major des Forces israéliennes de Défense – Gad Becker (Yediot Aharonot, 13 avril 1983. New York Times, 14 avril 1983).
Troisième déclaration : « Les Palestiniens sont des bêtes marchant sur deux pattes », l’ancien Premier ministre israélien, Menahem Begin, discours à la Knesset, cité par Amnon Kapeliouk dans “Begin et les Bêtes“. New Statesman, 25 juin 1982).
Quatrième déclaration : « La Terre promise s’étend du Nil à l’Euphrate. Elle comprend des parties de la Syrie et du Liban » (Rabbi Fischmann, membre de l’Agence Juive pour la Palestine, dans son témoignage devant la Commission d’Enquête de l’ONU en 1947).
Maintenant “Hamas“ ou pas, la question n’est pas là. Evoquer le Hamas avec insistance comme le font beaucoup de politiques ne fait qu’occulter l’essentiel. L’épisode du Hamas n’est qu’un épisode parmi d’autres dans la longue histoire de la lutte des Palestiniens. Ceux qui ont la mémoire courte ou qui analysent les faits à travers un prisme déformant savent que le combat pour la « Free Palestine » n’est pas lié à une composante particulière ou à une autre du spectre palestinien. A-t-on oublié les massacres de Deir Yassine, en 1948, celui de Kafr Qassem, en 1956, ou celui de Sabra et Chatilla, en 1982. Le Hamas n’avait pas alors droit de cité : n’est-il pas né en 1987 ?
Ceux qui ont la mémoire courte ou qui analysent les faits à travers un prisme déformant savent que le combat pour la « Free Palestine » n’est pas lié à une composante particulière ou à une autre du spectre palestinien. A-t-on oublié les massacres de Deir Yassine, en 1948, celui de Kafr Qassem, en 1956, ou celui de Sabra et Chatilla, en 1982. Le « Hamas » n’avait pas, alors droit de cité : n’est-il pas né en 1987.
