La réduction de 50 points de base du Taux directeur cette année aurait un effet favorable sur les finances publiques. En tant que principal émetteur de titres de créance, l’État aurait allégé le poids des charges financières qu’il supporte.
Cependant, si l’effet prix joue en faveur de l’État, l’effet volume, lui, va dans le sens contraire. À fin juin 2025, l’encours total des bons du Trésor, toutes maturités confondues, a atteint 30 121,985 MDT, dont 4 651,198 MDT de BTCT. Cela représente une augmentation de 2 595,260 MDT en seulement six mois, alourdissant mécaniquement les charges d’intérêts dans le budget de l’État.
En juin 2025, le taux moyen pondéré des bons du Trésor en circulation a atteint un nouveau sommet à 9,078 %, contre 8,845 % un an plus tôt. Malgré la baisse du taux directeur, le remboursement d’anciennes émissions à rendements relativement réduits, remplacées par de nouveaux titres émis dans un contexte de taux toujours élevés, explique cette progression du taux moyen.
Du côté des maturités, celle de 9 ans est devenue la plus coûteuse, avec un taux moyen de 9,754 %. La seule échéance présentant un taux moyen inférieur à 7 % est celle de 11 ans, à 6,693 %.
À titre de comparaison, en décembre 2010, le taux moyen global n’était que de 6,216 %, soit une hausse de 286,2 points de base en presque 15 ans. Un écart significatif pour les finances publiques, d’autant plus que l’encours a été multiplié par 5,1 sur la période.
Le coût global de la dette intérieure serait encore plus élevé – de quelques dizaines de points de base – si l’on intégrait les obligations souveraines.
Toutefois, en net, la charge réellement supportée par l’État reste modérée. En effet, les établissements financiers ont été frappés d’une surtaxe sur les profits exceptionnels générés par leurs activités de marché, et les revenus d’intérêts sont soumis à une retenue à la source de 20 %.
Par ailleurs, la Banque centrale de Tunisie continue de dégager des bénéfices records, permettant un versement accru de dividendes à l’État. Il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle, mais cela contribue à atténuer l’impact global sur les comptes publics.
Pour les mois à venir, une hausse du taux moyen est attendue avant de se stabiliser. Une réelle baisse n’est envisagée qu’à partir de 2026, avec une possibilité de passer sous le seuil des 8 % à l’horizon 2027.