Le sommet américano-russe en Alaska a suscité de nombreuses réactions européennes, notamment des gestes ostentatoires de soutien à un président ukrainien controversé, reconnu par certains observateurs comme un pion de l’OTAN, despote et corrompu. Les préparatifs d’une réunion bipartite à Washington entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, marqués par les tentatives européennes de s’immiscer malgré la réticence américaine, illustrent l’inadéquation de l’Europe face à la bipolarité russo-américaine persistante. Les déclarations de Macron et von der Leyen avant ce sommet montrent une Europe souvent perçue comme moralisatrice mais moralement faillible, notamment sur la question palestinienne.
Pour la Tunisie, voisine stratégique de l’Europe et économiquement liée, ce contexte de marginalisation géostratégique européenne conjugué à une posture belliciste européenne pose un risque majeur d’instabilité, dans un environnement international déjà difficile.
Elyes Kasri, analyste politique, a souligné dans son post l’importance de cette marginalisation européenne et ses conséquences géopolitiques, particulièrement pour des pays comme la Tunisie qui subissent directement les effets des crises et guerres européennes et mondiales.
Vous trouverez ci dessous son post:
« Le sommet américano-russe du 16 août en Alaska a été accueilli par moultes gesticulations euro-otaniennes prétendument pour soutenir un président ukrainien ayant dépassé son mandat et qui est reconnu par de nombreux observateurs comme un pion de l’OTAN doublé d’un despote et d’un corrompu de haut vol.
Les préparatifs de la réunion de Washington censée être bipartite Trump-Zelensky et les tentatives puériles d’incrustation de l’Europe pour y participer et tenir la main au satrape ukrainien en dépit de la réticence de la Maison Blanche, révèlent l’inadéquation de l’Europe avec le nouvel ordre mondial qui a du mal à surmonter la bipolarité russo-américaine de la guerre froide en dépit des prétentions d’autres puissances émergentes mais qui ne peuvent cacher leur statut encore secondaire dans le conflit russo-ukrainien qui a cumulé sur le terrain les attributs d’un conflit élargi à l’OTAN, l’Europe et l’Asie.
Les déclarations du président français Macron et de la présidente de la commission européenne Von Der Leyen à la veille du sommet de Washington avec les dirigeants européens et ukrainien face au président américain montrent s’il le fallait encore une fois la vanité et l’hypocrisie de l’Europe dont les leaders ne cessent de crier sur les toits leur attachement inébranlable au respect du droit international et l’interdiction morale et légale de toute légitimation de l’acquisition de territoires par la force et autres professions de foi qui ne semblent pas s’appliquer à Israël en dépit des preuves accablantes du génocide palestinien et de son mépris flagrant du droit international et de toute morale humaine.
En plus de sa faillite morale, démasquée à Gaza avec ce que beaucoup considèrent comme une complicité dans un génocide confirmé par la Cour Internationale de Justice, l’Europe est désormais confrontée à sa marginalisation internationale et aux nombreux indices de son insignifiance géostratégique.
Le problème que cela pose à la Tunisie, c’est qu’il s’agit d’un voisin proche (la capitale la plus proche de Tunis étant européenne en l’occurrence Rome) et son principal partenaire économique et destination migratoire qui, en plus de sa marginalisation géostratégique, s’enferre dans une logique belliciste qui dépasse ses moyens militaires et économiques.
Il est indéniable que l’exacerbation de la crise européenne ou pire une guerre européenne généralisée ne manqueront pas d’avoir des retombées négatives et même tragiques sur une Tunisie qui connaît depuis une quinzaine d’années une conjoncture difficile qui a considérablement exacerbé sa vulnérabilité à toute dégradation supplémentaire de son environnement international. »