Le comeback de Sofia Sadok provoque une vague de réactions contrastées.Certains semblent s’acharner sur elle,oubliant qu’elle a déjà payé un lourd tribut, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Vieillir, évoluer, se réinventer à 60 ans n’est pourtant ni une faute, ni un crime. Et pourtant, l’atmosphère ambiante donne parfois l’impression d’un procès permanent. Sa voix, quant à elle, n’a rien perdu de sa substance ni de sa lumière.
On finit même par se demander si tout cela n’est pas orchestré, comme si l’on braquait les projecteurs sur ses prétendues failles pour mieux faire oublier d’autres faiblesse bien réelles : des orchestres peu inspirés, une direction artistique hésitante, une qualité sonore inégale, des arrangements maladroits, des choristes mal intégrés… Autant de problèmes qui perdurent depuis des années, mais que l’on fait pourtant endosser aux artistes. Ne serait-il pas temps de revenir à des formations orchestrales plus sobres et plus authentiques, au lieu de céder à une modernité forcée qui, souvent, dilue l’âme même de la musique ?
Ces dérives rappellent certaines expériences musicales passées, marquées par des sonorités étranges, artificielles, qui finissent par trahir l’essence des œuvres.
Autre fait, il faut aussi avoir le courage d’évoquer un biais culturel persistant : le public tunisien a tendance à encenser les artistes orientaux venus d’ailleurs, tout en se montrant plus sévère, parfois injustement, envers les siens.
Pourtant, comme l’avait souligné Frédéric Mitterrand il y a plusieurs années, Sofia Sadok reste avant tout une artiste internationale, une mezzo-soprano rare dotée d’atouts multiples. Sa carrière est peut-être derrière elle, mais son talent, lui, reste intact et indéniable : elle n’a rien à prouver.