A l’agenda diplomatique de cette semaine, la rencontre entre deux figures de la dérive autoritaire et liberticide des démocraties contemporaines. Benyamin Netanyahou sera reçu à la Maison Blanche mardi, par un président Trump fervent soutien à Israël.
Malgré les massacres à Gaza, son prédécesseur J. Biden n’a nullement remis en cause la ligne pro-israélienne, au contraire. En témoigne son soutien militaire et politique inconditionnel tout-au-long de l’offensive israélienne à Gaza.
Si Trump a obtenu un cessez-le-feu à Gaza (avant même son entrée officielle en fonction), l’une des premières décisions de son second mandat a consisté à supprimer les sanctions visant les colons israéliens coupables de violences en Cisjordanie. Il a aussi donné son accord à la livraison de bombes de près de 1 000 kg à l’armée israélienne.
Enfin, le président Trump a confirmé son projet de déplacement « temporaire » ou « à long terme » de la population de Gaza. Une position qui s’inscrit dans une ligne pro-israélienne déjà suivie durant son premier mandat (2017-2021).
Les racines profondes du soutien américain
L’indéfectible relation américano-israélienne est attestée par une série d’indices : Israël est le premier destinataire de l’aide financière, civile et militaire étrangère par tête du budget américain; au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, depuis des décennies, les Etats-Unis usent systématiquement de leur veto contre toute proposition de résolution condamnant les actions israéliennes (colonisation de territoires occupés, violation des conventions de Genève, opérations militaires contre les Palestiniens à Gaza ou contre des voisins arabes, comme le Liban); toujours sur le plan diplomatique, le 6 décembre 2017, le président D. Trump reconnaissait Jérusalem capitale d’Israël et décidait d’y transférer l’ambassade des Etats-Unis.
Une décision confirmée par le président J. Biden, mais qui demeure isolée sur la scène internationale. La partie Est ou arabe de la « Ville sainte » (selon les trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam) est en effet occupée et colonisée par Israël depuis 1967 (« guerre des Six jours »). Une annexion contraire au droit international.
Le soutien américain à Israël s’explique par des raisons d’ordre à la fois stratégique (sauvegarde des intérêts stratégiques que représente l’accès et la sécurité des gisements pétroliers de la région) et immatériel (sentiment partagé par les deux peuples d’être liés, notamment à partir d’une lecture du monde d’inspiration biblique et mystique). Politiquement, la politique de Trump au Moyen-Orient s’aligne sur les demandes et croyances des mouvements chrétiens évangéliques (communauté de près de 91 millions individus) qui forment le noyau dur de son électorat.
Une alliance au profit d’Israël
Si le soutien américain affecte l’image et la crédibilité internationales des Etats-Unis, il a permis à Israël de s’imposer progressivement comme une sorte d’« hyperpuissance régionale » : ce petit pays (sur le plan de la superficie et du poids démographique) est doté de l’une des armées les plus puissantes et modernes au monde. Il s’agit de l’unique puissance nucléaire dans la région (même si ce fait n’est toujours pas admis officiellement par les responsables israéliens). Nulle armée ou force paramilitaire de la région ne saurait représenter une menace conventionnelle sérieuse pour l’existence d’Israël. Du reste, l’Iran et le Hezbollah sortent affaiblis de la dernière séquence.
Une sécurité militaire confortée par la dynamique économique du pays, dont le moteur est un secteur des nouvelles technologies (étroitement lié à l’appareil militaire et de renseignement) très compétitif. Une puissance économique renforcée par les perspectives ouvertes par la découverte (et l’exploitation à terme) des gisements de gaz naturel de Tamar et de Léviathan. Celles-ci sont potentiellement synonymes d’indépendance énergétique et financière (à condition de la réussite d’une « diplomatie du gaz » avec les voisins concernés).