Peut-on parler d’un risque de tension diplomatique entre la Tunisie, l’Algérie et la France? Car depuis deux jours, on entend parler que de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui qui s’est enfuie de l’Algérie, depuis la Tunisie, vers la France. Et ce, grâce à l’intervention française. Et le limogeage du ministre des Affaires étrangères Othmane Jerandi y est-il lié? Il faut dire qu’en l’absence de communication officielle, les interprétations vont bon train.
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur, donne sa propre lecture diplomatique. Il estime via son post que « la crise diplomatique algéro-française semble accompagnée, sans confirmation officielle tunisienne, par le limogeage et le remplacement le jour même du ministre tunisien des Affaires étrangères. »
Il poursuit : « Si ce limogeage semble répondre à une longue liste de griefs qui sont opposés à ce ministre depuis un certain temps par de nombreux diplomates et observateurs tunisiens et étrangers, y compris ceux considérés proches du président de la République Kaïs Saïed, la responsabilité du ministère des Affaires étrangères dans le cas d’espèce gagnerait à être mieux étayée. »
En effet, M. Kasri estime que cette affaire exacerbe le malaise suscité par le déficit de communication officielle. Tout en ajoutant : « Le sentiment est que la souveraineté tunisienne nous glisse entre les doigts. Et ce, en voyant un état étranger s’offusquer d’une prétendue violation du territoire national tunisien, dans un mutisme tunisien assourdissant. Surtout que le président de ce pays frère et voisin se permet d’évoquer avec ses interlocuteurs étrangers la situation en Tunisie; et même selon la présidente du conseil italien “les scénarios en Tunisie”. Entre un frère et un tuteur, surtout en relations internationales, il y a une différence à clarifier et préserver. »
En somme, la diplomatie a ses rouages, mais aussi son protocole. A l’heure actuelle, il semble que l’âge d’or de la diplomatie tunisienne n’est plus ce qu’il était.