Depuis plusieurs années, l’hydrogène est considéré comme un pilier prometteur de la transition énergétique, en raison de son potentiel à réduire le réchauffement climatique. Cependant, une nouvelle étude, la plus exhaustive jamais réalisée à l’échelle mondiale, vient bousculer cette idée largement admise.
Cette recherche, publiée samedi 27 décembre sur la plateforme spécialisée ‘Energy’ basée à Washington, révèle que l’impact climatique de l’hydrogène a été sous-estimé, voire ignoré, par la communauté scientifique. En effet, les auteurs établissent un lien indirect mais significatif entre l’hydrogène et l’augmentation des émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre, qui accélère le réchauffement de la planète.
L’étude analyse le cycle de vie complet de l’hydrogène — depuis sa présence terrestre jusqu’à son comportement dans les océans et l’atmosphère — afin d’en dresser un bilan plus réaliste. Contrairement à sa réputation de carburant propre à faible teneur en carbone, l’hydrogène contribue indirectement au réchauffement climatique par son interaction avec le méthane.
Augmentation de concentrations d’hydrogène atmosphérique
Les chercheurs notent que les concentrations d’hydrogène atmosphérique ont augmenté de 523 à 543 parties par milliard sur les 28 dernières années. Cette hausse, bien que modeste, a participé à une élévation de la température moyenne mondiale de 0,02°C entre 2010 et 2020 — un effet comparable aux émissions annuelles d’un pays comme la France.
D’après leurs projections, l’impact de l’hydrogène pourrait faire grimper la température globale de 0,01 à 0,05°C d’ici à 2100, un facteur non pris en compte dans les précédents rapports internationaux sur le climat.
Le mécanisme sous-jacent repose sur l’interaction entre l’hydrogène et le méthane. En effet, l’hydrogène réagit avec les radicaux hydroxyles (OH), qui jouent un rôle crucial dans la dégradation du méthane dans l’atmosphère. En consommant ces radicaux, l’hydrogène réduit leur capacité à décomposer le méthane, prolongeant ainsi la durée de vie de ce dernier dans l’atmosphère et amplifiant son effet de serre.
Un cercle vicieux
Cette dynamique crée un cercle vicieux : le méthane, en s’oxydant, produit lui-même de l’hydrogène, alimentant ainsi la montée des concentrations des deux gaz et intensifiant le réchauffement climatique.
Au-delà des réactions atmosphériques, l’étude révèle que plus de la moitié de l’hydrogène présent dans l’atmosphère provient de l’oxydation du méthane émis principalement par les industries des déchets et des combustibles fossiles, et non seulement des fuites industrielles d’hydrogène comme on le croyait auparavant.
En somme, cette recherche remet en question l’image de l’hydrogène comme solution propre et souligne la nécessité de réévaluer son rôle dans la lutte contre le changement climatique.