Les États-Unis tentent de rattraper leur retard en République démocratique du Congo (RDC), où la Chine domine largement l’exploitation des minerais stratégiques. Souvent aux dépens de la population de Congo Kinshasa.
Après des années d’absence liées aussi bien à l’insécurité qu’à la corruption, Washington multiplie les efforts, surtout depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, président affairiste par excellence, pour sécuriser un accès à des ressources devenues cruciales pour les technologies de pointe, en l’occurrence le cobalt, le cuivre, le lithium et le coltan.
Théa Doulcet du site spécialisé Slate explique que ce repositionnement se matérialise, entre autres, par l’arrivée d’entreprises américaines comme KoBold Metals, qui vise l’un des plus grands gisements de lithium connus au monde, et par la signature en juin dernier des accords dits de Washington, « un traité censé stabiliser la région en échange d’avantages miniers pour les investisseurs américains ».
Guerre américano-chinoise sur les mines congolaises
Comme ce fut le cas de 1945 à la chute du mur de Berlin, les puissances militaires ou économico-commerciales se livraient leurs guerres par pays faibles interposés. Mais aujourd’hui on parle de guerre commerciale ou plutôt de “guerre technologique“ qui passe forcément par la convoitise ou conquête des matières premières.
Suivez notre regard. Ce retour de l’Amérique en RDC intervient au moment où la Chine contrôle près de 80 % de la production minière congolaise, grâce à des accords conclus il y a une vingtaine d’années, plus précisément dès 2007 offrant d’importantes facilités fiscales contre des investissements massifs, soulignent plusieurs sources.
Ainsi, «… pour réduire cette dépendance, l’administration Trump cherche à sécuriser des “actifs stratégiques“ en RDC, notamment la mine de Rubaya, qui fournit jusqu’à 30 % du coltan mondial », écrit Slate. Parallèlement, l’Occident dans son ensemble manifeste un regain d’intérêt pour les matières premières du pays. C’est ainsi que KoBold aurait obtenu en août 2025 le premier permis d’exploration américain depuis une décennie, tandis que Mercuria aurait elle aussi signé un partenariat d’un milliard de dollars avec Gécamines.
Deux obstacles majeurs : corruption et conflits
Cela étant, s’installer dans les régions minières congolaises n’est pas chose aisée. La région Est du pays fait face à un conflit entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa et les Nations unies. Mais ce n’est pas tout. La corruption, décrite comme endémique, a déjà entraîné des scandales retentissants, comme l’affaire Glencore, condamnée pour versements de pots-de-vin. « Instabilité juridique, permis révoqués sans préavis et litiges fréquents compliquent encore le paysage des affaires ».
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D’ailleurs, dans ce labyrinthe congolais, les accords de Washington peinent à garantir une paix durable en vue de mettre à exécution les souhaits de Trump. En effet, plusieurs gisements clés, dont Rubaya, restent sous contrôle du M23. « En misant sur une trêve fragile, États-Unis et RDC semblent promettre davantage qu’ils ne peuvent obtenir, repoussant l’exploitation sécurisée des “trésors minéraux“ congolais ».
Mais ironie du sort, la République démocratique du Congo figure parmi les pays – économiquement – les plus pauvres du monde. Constat on ne peut plus amer!