Pour Moscou, cette réunion ministérielle conjointe est l’occasion de hisser les relations avec le continent à un niveau stratégique.
La deuxième Conférence ministérielle du Partenariat Russie-Afrique s’est ouverte le 19 décembre au Caire en Egypte, marquant une étape clé dans la préparation du troisième Sommet Russie-Afrique prévu en 2026. Pendant deux jours, la capitale égyptienne accueille le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et ses homologues de plus de cinquante pays africains.
Cette rencontre vise à renforcer la coopération économique et commerciale entre la Russie et les États africains, avec un accent particulier sur les secteurs de l’énergie, de l’investissement et des infrastructures. Les dirigeants des organes exécutifs des organisations africaines d’intégration régionale participent également aux travaux.
Le programme prévoit notamment une présentation de l’Agence égyptienne pour le partenariat de développement (EAPD) et un événement thématique destiné à explorer le potentiel de la coopération trilatérale Russie–Égypte–Afrique, notamment dans les domaines économique et éducatif.
Pour Moscou, cette réunion ministérielle conjointe — une première organisée sur le continent africain — constitue une occasion stratégique de porter ses relations avec l’Afrique à un niveau supérieur. Le rôle de l’Égypte apparaît central : en accueillant l’événement, Le Caire affirme son ambition de se positionner comme un pont entre l’Afrique, la Méditerranée et le Moyen-Orient.
En marge de la conférence, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a rencontré Sergueï Lavrov pour échanger sur plusieurs dossiers régionaux et internationaux, notamment les situations à Gaza, au Soudan, en Libye et en Syrie…
S’agissant de Gaza, le chef de la diplomatie égyptienne a affirmé que son pays multipliait les efforts pour consolider le cessez-le-feu et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Il a insisté sur le rejet de toute intervention susceptible de déstabiliser la région, estimant que la sécurité régionale ne peut être assurée que par une coordination « sérieuse et responsable » avec les partenaires internationaux, dont la Russie.
Les discussions ont également porté sur la Syrie, avec un appel commun à préserver son intégrité territoriale, ainsi que sur la Libye, où les deux parties ont plaidé pour la fin des ingérences étrangères et l’organisation simultanée d’élections présidentielle et législatives.
Le conflit au Soudan a aussi été abordé, Le Caire mettant en avant ses efforts pour atténuer les souffrances de la population…
Selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, les travaux de la conférence porteront sur les enjeux les plus urgents de l’agenda international et russo-africain. Les participants examineront notamment l’état d’avancement du Plan d’action du Forum de partenariat Russie-Afrique pour la période 2023-2026, adopté lors du sommet de Saint-Pétersbourg en 2023. Une attention particulière sera accordée au développement des relations commerciales, économiques et d’investissement, ainsi qu’aux perspectives de coopération future…
En amont de la conférence, Sergueï Lavrov a publié une tribune dans des médias africains, affirmant que la Russie n’a jamais considéré l’Afrique comme une simple source de matières premières, mais privilégie des projets d’investissement favorisant un développement autonome des ressources africaines. Il a souligné la croissance soutenue des échanges commerciaux russo-africains, qui ont dépassé 27 milliards de dollars en 2024, se félicitant d’une multiplication par plus de cinquante depuis 2019.