À l’heure où les entreprises tunisiennes cherchent à renforcer leur compétitivité face à des marchés de plus en plus volatils, l’Open Innovation s’affirme comme un levier stratégique incontournable. Ce constat a largement structuré les échanges lors de la première édition de l’événement LeBridge25 dans le cadre du panel Open Innovation : du concept à la mise en pratique, que la Chambre tuniso-française de l’industrie et du commerce a organisée, et qui a réuni dirigeants et experts autour des enjeux de transformation digitale et de collaboration entre grandes entreprises et start-up. Loin des effets de mode, les intervenants ont présenté l’Open Innovation comme une démarche exigeante, nécessitant méthode, gouvernance et vision de long terme.
Lors de cette rencontre, Stéphane Varret, directeur général d’Orange Tunisie, a insisté sur le caractère structurant de l’Open Innovation lorsqu’on la pense comme un véritable projet d’entreprise. Selon lui, cette approche ne peut produire des résultats tangibles que si elle repose sur une organisation dédiée, des équipes formées et un engagement clair du top management. Elle crée alors de la valeur dès lors qu’elle répond à des besoins opérationnels précis, qu’il s’agisse de réduire les coûts, de pallier un déficit d’expertise ou d’accélérer le déploiement de solutions à impact durable.
Pour le dirigeant d’Orange Tunisie, l’Open Innovation joue avant tout un rôle de passerelle entre deux univers complémentaires. D’un côté, les start-up apportent leur agilité, leur créativité et leur maîtrise des technologies émergentes; de l’autre, les grandes entreprises mettent à disposition leurs infrastructures, leur réseau et leur connaissance fine des réalités du marché. Chez Orange Tunisie, la stratégie du groupe intègre pleinement cette logique, que trois priorités structurent : identifier de nouveaux relais de croissance; renforcer l’excellence opérationnelle des réseaux; et enrichir les offres de services que l’entreprise propose aux clients.
Orange Fab : un accélérateur orienté efficacité
Le dispositif Orange Fab matérialise cette vision stratégique, que Stéphane Varret qualifie d’accélérateur plutôt que d’incubateur. L’entreprise oriente clairement l’objectif vers l’efficacité économique. Il ne s’agit pas d’accompagner des projets à un stade très précoce; mais de soutenir des start-up déjà opérationnelles, capables de répondre à des besoins que l’entreprise a identifiés en amont. Cette clarification des attentes dès le départ constitue, selon lui, un facteur clé de réussite des partenariats.
En Tunisie, Orange Fab affiche des résultats concrets : quarante start-up accompagnées et soixante-quatorze contrats signés, non seulement avec Orange Tunisie, mais également avec d’autres filiales du groupe en Afrique, en Europe et en France. Une équipe dédiée assure l’interface entre les équipes opérationnelles et les startup, facilitant la compréhension mutuelle des contraintes et l’alignement des objectifs. Cette organisation permet d’éviter les collaborations opportunistes et de privilégier des partenariats inscrits dans la durée.
Un accompagnement à dimension internationale
L’accompagnement que propose Orange Fab va au-delà de la simple contractualisation. Il comprend l’accès à des expertises internationales, la participation à des événements majeurs comme le Mobile World Congress à Barcelone ou Vivatech à Paris, ainsi que des opportunités de mise en relation commerciale avec des clients professionnels. Pour Stéphane Varret, cette exposition à l’international constitue un levier déterminant pour permettre aux start-up de franchir un cap et de changer d’échelle.
Le directeur général d’Orange Tunisie reconnaît néanmoins l’existence de freins persistants. Les écarts culturels entre la rapidité de décision des start-up et les processus plus structurés des grandes organisations demeurent un défi. Le cadrage initial, l’onboarding et le sourcing demandent du temps et de la rigueur. Mais l’entreprise assume ces étapes comme des prérequis indispensables. L’enjeu ne se limite pas à la validation d’une preuve de concept. Mais il consiste à penser dès l’origine l’industrialisation et la pérennité des solutions que les start-up développent.
Pour maintenir cette dynamique, l’implication personnelle du dirigeant apparaît déterminante. Stéphane Varret souligne la nécessité d’un engagement quotidien afin de préserver une culture d’innovation, d’accélérer les processus lorsque cela est possible et de rappeler en permanence l’importance stratégique de ces collaborations. L’Open Innovation s’impose ainsi non comme un projet ponctuel; mais comme une responsabilité durable de l’entreprise, au service de sa performance et du développement de l’écosystème dans lequel elle évolue.