Lors de l’événement LEBRIDGE25 organisé par la Chambre tuniso-française de l’industrie et du commerce (CCITF) le lundi 15 décembre à Tunis, Arnaud Guigné, Conseiller économique régional à l’Ambassade de France, a exposé la stratégie française en matière d’innovation. Il a aussi souligné le rôle central de la Tunisie dans son déploiement en Méditerranée, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Arnaud Guigné indique que la France a érigé l’innovation en levier de croissance et de souveraineté économique. Cette ambition se concrétise par un ensemble de dispositifs publics déployés sur plusieurs décennies. Le crédit d’impôt recherche (CIR), représentant environ 8 milliards d’euros de dépenses fiscales annuelles, en est une pièce maîtresse. Il est complété par des statuts avantageux pour les jeunes entreprises innovantes (JEI) et les jeunes entreprises de croissance.
L’écosystème français s’appuie également sur 53 pôles de compétitivité, rassemblant plus de 15 000 entreprises, centres de recherche et organismes de formation. Créée en 2012, la Banque publique d’investissement (Bpifrance) facilite l’accès au financement pour les startups. Enfin, le plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros, subventionne les projets privés dans les technologies de rupture comme l’intelligence artificielle, l’énergie verte ou la santé.
Cette politique a permis à la France de se maintenir parmi les quinze pays les plus innovants au monde. Occupant ainsi la 13e place du classement 2025 de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). L’innovation renforce tout autant l’attractivité économique du pays. Selon le baromètre EY, la France est le premier destinataire européen des investissements étrangers directs depuis 2019, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. En 2024, 1 700 projets d’investissement internationaux y ont été enregistrés, ayant généré ou préservé 40 000 emplois.
La Tunisie, un partenaire naturel et actif
Dans ce contexte, le rapprochement avec l’écosystème tunisien d’innovation apparaît comme une évidence stratégique. La Tunisie est le premier pays d’Afrique investisseur en France en nombre de projets, plusieurs opérations concernant des startups. La communauté French Tech Tunis incarne cette dynamique.
Arnaud Guigné affirme que les atouts tunisiens reposent sur une jeunesse hautement qualifiée, des ingénieurs talentueux et un tissu entrepreneurial innovant. Plus de 600 filiales de groupes français présentes en Tunisie, comme Orange avec son accélérateur Orange Fab ou Actia avec son incubateur Actin Cube, participent activement à ce rapprochement.
Un réseau institutionnel mobilisé
Plusieurs opérateurs publics français soutiennent cette coopération. Business France, l’Agence française de développement (via sa filiale Proparco et son initiative Digital Africa) et Expertise France sont engagés sur le terrain. Cette dernière gère des projets tels qu’Innovi, récemment clôturé, et Greenovi, en cours, financé par l’Union européenne. L’Institut français de Tunis organise également des événements dédiés à l’innovation.
La CCITF, avec ses 2 500 entreprises membres, joue un rôle pivot. La création en son sein d’une commission « Startup Innovation », officialisée lors de LEBRIDGE25, vise à mieux intégrer les enjeux technologiques dans l’économie franco-tunisienne.
Le domaine de l’intelligence artificielle ouvre des perspectives particulièrement prometteuses pour la coopération bilatérale. Le récent Forum méditerranéen de l’IA, tenu à Tunis les 20 et 21 novembre 2025, a mis en lumière l’existence d’enjeux régionaux communs. L’axe France-Tunisie pourrait ainsi se positionner comme un pilier structurant du développement de l’IA dans le bassin méditerranéen, nécessitant une préparation et des travaux conjoints.