Le marché du transport maritime de conteneurs intra-asiatique connaît une forte demande. La Chine et l’Inde continuent de stimuler la production et le commerce de la région. Ce qui soutient les tarifs depuis la fin de l’été, selon des analystes cités par Bloomberg.
Néanmoins, ils préviennent que la situation pourrait changer d’ici quelques mois si les grandes compagnies maritimes reprenaient massivement le transit par le canal de Suez. Car, si les conditions permettent un bon fonctionnement du canal du Panama, de nombreuses compagnies reprendront l’itinéraire le plus court pour leurs navires.
Des mesures ont déjà été prises, comme celles de CMA CGM, qui prévoit de reprendre les transits par Suez. Tandis que Hapag-Lloyd affirme avoir un plan prêt pour un retour dès que les conditions le permettront.
Cette possibilité est inquiétante car le retour des lignes longue distance vers Suez libérerait une capacité importante, actuellement « absorbée » par les liaisons longue distance contournant l’Afrique.
Si le secteur retrouve son fonctionnement normal, on estime qu’environ 2 millions d’EVP (équivalent vingt pieds, unité de mesure uniformisée) pourraient être réorientés vers le marché secondaire asiatique. Cela signifie que les lignes intérieures, habituellement assurées par des navires de moins de 5 000 EVP, seront soudainement saturées par des navires excédentaires de grande capacité.
L’augmentation de l’offre exercera une pression à la hausse sur les tarifs de fret, qui se sont stabilisés au-dessus de 600 dollars par conteneur de quarante pieds.
Parallèlement, la demande intra-asiatique continue de progresser. La Chine exporte de plus en plus de produits intermédiaires destinés à l’assemblage final vers le Vietnam, l’Indonésie et d’autres pays. Ce transfert de production hors de Chine n’a pas été freiné par les droits de douane américains. Au contraire, il a dynamisé les pays qui se positionnent comme des pôles de production alternatifs.
Cette combinaison d’une forte demande et d’une potentielle augmentation importante de l’offre rend le marché difficile à prévoir. D’une part, les économies asiatiques continuent d’absorber du fret. D’autre part, l’arrivée soudaine de grands navires pourrait freiner la hausse des taux de fret plus rapidement qu’elle ne l’a amorcée.
Le marché intra-asiatique montre des signes de vigueur, mais il est extrêmement vulnérable aux changements extérieurs à la région. Si le transit par Suez est pleinement rétabli, les entreprises pourraient se retrouver avec des capacités inutilisées d’ici quelques mois. Ce qui entraînerait une baisse significative des tarifs de fret.